La dynastie politique de la famille Horner

Article 2 / 9 , Vol 44 No. 3 (Automne)

La dynastie politique de la famille Horner

« Fin de la dynastie politique de la famille Horner : l’ancien ministre des Finances, qui provient d’une longue série de conservateurs élus, a annoncé qu’il démissionnait de son siège en date du 31 janvier » [TRADUCTION], pouvait-on lire en gros titre dans le Globe and Mail en date du 23 janvier 2015. On ignore comment la famille Horner a réagi à la manchette ou même si elle y a réagi. Ce qui est certain, c’est que le quotidien de Toronto a sous-estimé la longévité d’une des plus éminentes familles politiques de l’Ouest du Canada. Le 16 avril 2019, Nate Horner a été élu député à l’Assemblée législative de l’Alberta dans la circonscription de Drumheller—Stettler. Ainsi, la longue dynastie politique des Prairies se prolonge.

Comme c’est le cas de nombreuses familles des Prairies, les Horner sont des immigrants. Ils se sont d’abord installés au Québec dans les années 1800 après avoir émigré d’Irlande. Ralph Horner, un des fils de la famille, a établi une ferme en Saskatchewan au cours des années 1900. Il a rapidement fait son entrée en politique. Il s’est présenté à deux reprises à l’Assemblée provinciale, sans succès, avant d’être nommé au Sénat en 1933, où il a siégé jusqu’en 1964.

Le sénateur Horner et sa femme, Mae, ont eu neuf enfants, dont un bon nombre ont été actifs dans la sphère politique. Deux d’entre eux s’y sont fait un nom : Jack Horner et le Dr Hugh Horner.

Lorsque Jack Horner a atteint la majorité, il a démarré une exploitation agricole mixte à Pollockville, dans le centre-est de l’Alberta. Il s’est rapidement lancé en politique et a fait campagne pour la première fois en 1958 pour le Parti progressiste-conservateur dans la circonscription fédérale d’Acadia, renommée Crowfoot par la suite. Jack Horner a représenté la circonscription de 1958 à 1979 et a été un ardent défenseur des intérêts de l’Ouest, réclamant en particulier des tarifs de marchandises équitables. En 1976, il s’est présenté contre Joe Clark dans la course à la direction du Parti progressiste-conservateur fédéral, mais sans succès. En 1977, il a déserté son parti pour joindre le gouvernement Trudeau. Il a été ministre de l’Industrie et du Commerce pendant un certain temps, jusqu’à sa défaite dans Crowfoot aux élections fédérales de 1979.

Le Dr Hugh Horner, de deux ans l’aîné de Jack, a adopté une voie différente : il a étudié la médecine à l’Université Western Ontario puis s’est établi dans la ville de Barrhead en Alberta, au nord-ouest d’Edmonton, où il a pratiqué comme omnipraticien. Tout comme son frère, Hugh Horner a été élu député progressiste-conservateur en 1958. Il est resté sur la scène politique fédérale jusqu’en 1967, puis il a décidé de se présenter aux élections générales provinciales. Quatre ans plus tard, le Dr Horner a été reconnu comme un acteur essentiel du succès du Parti progressiste-conservateur de Peter Lougheed : il a détourné l’appui du milieu rural au Parti Crédit social vers le Parti progressiste-conservateur, entraînant le premier changement de gouvernement de l’Alberta en 36 ans. Le Dr Horner, surnommé affectueusement « Doc » par ses amis intimes et ses associés, est demeuré en politique pendant plusieurs années, comme ministre de l’Agriculture, ministre des Transports, ministre du Développement économique et vice-premier ministre. Après les élections générales provinciales de 1979, il a démissionné de son poste de ministre et de député puis est devenu le premier coordinateur national du transport des grains du Canada.

Le plus jeune enfant de Hugh Horner, Douglas, a repris le flambeau politique de son père, de son oncle et d’autres membres du clan Horner. Il a remporté un siège aux élections générales de l’Alberta après avoir fait son entrée sur la scène politique. Douglas Horner, qui a une formation en affaires, s’est présenté et a également remporté les élections générales provinciales en ٢٠٠٤, en 2008 et en 2012. Après les élections de 2004, il a suivi les traces de son père et est devenu ministre de l’Agriculture et de l’Aménagement rural. En 2006, il est devenu ministre de l’Enseignement supérieur et est resté en poste jusqu’en 2011, puis il a démissionné de son poste pour participer, sans succès, à la course à la direction du Parti progressiste-conservateur de l’Alberta. En 2012, il a été nommé président du Conseil du Trésor, ministre des Finances et vice-premier ministre, postes qu’il a occupés jusqu’à sa retraite de la vie politique, en 2015.

Alors que la dynastie politique des Horner semblait arrivée à sa fin, Nate Horner, un éleveur de Pollockville, en Alberta, a fait son entrée dans l’arène politique et remporté le siège de Drumheller—Stettler lors des élections générales provinciales de 2019. Dans son premier discours devant l’Assemblée, il a fait référence aux prédilections politiques de sa famille : « Je viens en quelque sorte d’une famille de politiciens… Mon arrière-grand-père était sénateur, et, depuis, beaucoup de membres de ma famille ont servi au fédéral et ici, en Alberta. J’aurais dû en savoir assez pour rester loin de la politique, mais, évidemment, nous avons une puissante tare héréditaire. J’aime croire que c’est parce que les gens nous tiennent à cœur1 » [traduction].

Dernièrement, Nate Horner s’est vu octroyer un poste au Cabinet. Il a été nommé ministre adjoint du Développement économique rural, emboîtant le pas à son cousin Douglas Horner et à son grand-oncle Hugh Horner. Grâce à son élection et à sa nomination, l’honorable Nate Horner est en mesure de servir les électeurs de sa circonscription et tous les Albertains. Il est en outre le plus jeune représentant du clan politique bien établi des Horner, et il ne sera vraisemblablement pas le dernier.

Val Footz

bibliothécaire parlementaire, Assemblée législative de l’Alberta

Philip Massolin

greffier adjoint et directeur des services de la Chambre, Assemblée législative de l’Alberta

1 Alberta Hansard, 29 mai 2019, p. 176.

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