Langues autochtones au Parlement – comparaison entre le Canada et l’Australie
En mai 2017, Robert-Falcon Ouellette a prononcé un discours à la Chambre des communes du Canada sur la violence au sein des communautés autochtones. M. Ouellette s’est exprimé en langue crie, car il voulait « aborder la violence d’une manière qui serait remarquée » et communiquer avec la population plus jeune1. Bien que M. Ouellette ait contacté le bureau parlementaire compétent à l’avance et ait fourni le texte anglais du discours, aucune interprétation simultanée n’a été proposée du cri vers l’anglais. Si l’utilisation du cri par M. Ouellette n’a pas enfreint le Règlement, elle a mis en évidence le fait qu’il n’existait aucun mécanisme permettant de faire interpréter simultanément ses paroles afin que les autres députés puissent le comprendre. Après le discours, M. Ouellette s’est opposé au statu quo et le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a mené une enquête sur l’utilisation des langues autochtones dans les délibérations de la Chambre et des comités2. Au cours de cette enquête, le comité a recueilli les témoignages de 31 témoins, dont le dernier provenait d’Australie, à quelque 15 000 kilomètres de là. Ce témoin, Michael Tatham, greffier de l’Assemblée législative du Territoire du Nord, a expliqué dans quelle mesure le Parlement du Territoire du Nord prenait en compte les langues autochtones. Le témoignage de ce témoin australien éloigné devant le comité, et l’inclusion de son témoignage dans le rapport final, suggère que, bien qu’il existe des différences significatives entre les obstacles à l’implication parlementaire des Autochtones au Canada et en Australie, il existe aussi potentiellement des expériences communes. Dans le présent article, nous espérons décrire la situation actuelle en Australie en ce qui concerne l’utilisation des langues autochtones au Parlement, en évoquant l’importance symbolique de faciliter l’utilisation des langues autochtones, les avantages pratiques qui en découlent et les questions logistiques, notamment l’interprétation, la traduction, l’enregistrement et le financement, qui se posent. Au cours de notre discussion, nous nous sommes concentrés en particulier sur les développements récents et, lorsque cela était possible, nous avons établi des comparaisons avec l’expérience canadienne.
Langues autochtones en Australie, comparées au Canada