Democracy Dialogues – Prendre sa destinée en main grâce à l’accessibilité : vers une participation démocratique inclusive
Il y a peu de temps, le premier parlementaire sourd du Canada a évoqué son expérience comme candidat aux élections et expliqué comment l’Assemblée législative de l’Ontario a travaillé avec lui pour répondre à ses besoins, amenant ainsi l’Ontario à bâtir l’une des assemblées législatives les plus accessibles au monde.
Wendy Reynolds
Dans le cadre de sa série Democracy Dialogues1, l’Université Ryerson a récemment invité Gary Malkowski, le premier Sourd devenu parlementaire au Canada2, à s’exprimer sur son expérience d’élu.
Élu à l’Assemblée législative de l’Ontario en 1990, Gary Malkowski avoue que la première fois qu’il a participé à un scrutin, c’était pour voter pour lui-même aux élections provinciales de 1990. La plupart des candidats trouveraient sans doute ce cheminement de carrière inhabituel. Souvent, la jeune classe politique gagne de l’expérience et s’expose au processus démocratique en participant aux élections scolaires, en tissant des liens avec d’autres étudiants politiquement engagés et en acquérant graduellement des connaissances sur les moyens et processus démocratiques.
M. Malkowski a eu peu de contacts avec les rouages de la démocratie dans sa jeunesse. Pendant ses études secondaires, il n’a eu aucun cours d’éducation à la citoyenneté et n’a pas non plus participé aux élections scolaires. Sa première expérience, il l’a vécue à Washington, où il s’est installé lorsqu’il a été accepté à l’Université Gallaudet, la seule université au monde pour étudiants sourds. Depuis plus de 150 ans, cette université de renommée mondiale est une locomotive politique, sociale et économique pour les communautés de signeurs, comme en témoignent ses nombreuses contributions et sa riche histoire marquée par la transformation3. C’est là qu’il a acquis son goût pour le militantisme et que lui est venue la volonté de s’engager.
À son retour en Ontario, il s’est joint au mouvement Deaf Ontario Now, qui militait pour que les enfants sourds aient accès à l’interprétation de la langue des signes américaine (ASL) et de la langue des signes québécoise (LSQ) dans les écoles. Inspiré par son expérience au sein du mouvement, M. Malkowski s’est présenté pour le NPD dans la circonscription de York-Est. Évoquant l’époque où il était candidat et parlementaire, M. Malkowski se souvient des changements qu’il a fallu apporter aux travaux parlementaires. Par exemple :
Le Comité des finances électorales a décidé que les dépenses extraordinaires engagées pour l’interprétation en langue signée ne seraient pas comptées dans le budget des dépenses du candidat.
Le premier projet de loi adopté à l’Assemblée législative durant la législature visait à permettre la présence d’interprètes en langue des signes à la Chambre.
On a offert à M. Malkowski un petit écran vidéo qu’il pouvait disposer sur son bureau pour lire le soustitrage codé.
Des lumières ont été installées, et on les faisait clignoter au même rythme que les cloches traditionnellement utilisées pour appeler les députés à la Chambre.
Lorsqu’on lui a demandé son avis sur la façon dont il a été reçu à Queen’s Park, M. Malkowski a répondu qu’il avait reçu un accueil « phénoménal » et qu’il avait été « traité comme un égal ». L’Assemblée législative de l’Ontario, en travaillant de pair avec le nouveau député, est devenue « l’une des assemblées législatives les plus accessibles au monde ».
Certes, des lois comme la Loi canadienne sur l’accessibilité et la Loi sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario peuvent contribuer à rendre nos institutions plus inclusives. Toutefois, aucune règle écrite ne pourra jamais tenir compte de la diversité infinie des personnes et de leur façon d’interagir, d’utiliser l’information et de communiquer. Cette réalité illustre l’importance de consulter les personnes handicapées, ce que les lois de l’Ontario et du gouvernement fédéral prévoient, et ce que M. Malkowski approuve, bien sûr. Ce dernier invite également les personnes handicapées à envisager de présenter leur candidature aux élections ou de défendre des dossiers d’importance pour les communautés des personnes sourdes et handicapées.
Selon M. Malkowski, les personnes handicapées sont aujourd’hui beaucoup plus actives politiquement qu’au moment où il a été candidat puis député provincial. Toutefois, elles ont encore des obstacles à franchir pour pouvoir être pleinement présentes sur la scène politique. Par exemple, Élections Canada et Élections Ontario obligent les organisateurs des réunions de tous les candidats à fournir des services d’interprétation ou du sous-titrage codé. Cette obligation montre bien que ces services sont souvent oubliés, ou fournis à la dernière minute, les organisations n’étant pas toujours au courant des besoins.
Le site Internet d’Élections Ontario offre des renseignements sur l’accessibilité du processus électoral4 et contient de l’information destinée à quiconque désire devenir candidat5.
Élections Canada, par l’entremise de son programme Inspirer la démocratie, fournit des informations sur les obstacles6 que doivent surmonter certains groupes de Canadiens, les différentes manières de s’engager dans le processus démocratique ainsi que les ressources locales disponibles.
Democracy Dialogues, qui en est à sa troisième saison, est « une série virtuelle gratuite visant à répondre aux grandes questions et préoccupations sur ce qu’il nous faut faire, comme société, pour bâtir une démocratie inclusive et vivante, pour nous-mêmes et les générations à venir » [traduction].
Notes
1 https://www.engagedemocracy.ca/democracydialogues
2 https://richardmedugno.medium.com/25-years-ago-i-started-writing-a-book-today-its-finally-published-302be2f1c72e
3 https://www.gallaudet.edu/about
4 https://www.elections.on.ca/fr/voting-in-ontario/accessible-voting.html
5 https://www.elections.on.ca/fr/political-entities-in-ontario/candidates.html
6 https://inspirerlademocratie-inspiredemocracy.ca/learn/index-fra.asp