Des origines du premier document bilingue publié au Canada
John Bushell, propriétaire de la première presse à imprimer dans le territoire qui deviendrait le Canada, est bien connu pour avoir publié le premier journal du pays, mais également ce qu’on croit être le premier document bilingue de l’histoire du pays. Dans le présent article, l’auteur explique les origines de ce document officiel unique à valeur historique.
David S. McDonald
En septembre 1751, Bartholomew Green Junior quitte Boston en direction d’Halifax à bord de l’Endeavor. Il transporte avec lui sa presse en bois et son matériel de typographie. Malheureusement, il meurt moins d’un mois plus tard. La nouvelle de son décès parvient à son dernier associé, John Bushell, qui se rend peu de temps après à Halifax par bateau et établit la première presse à imprimer dans le territoire qui allait devenir le Canada. Le 23 mars 1752, Bushell publie sur la presse à imprimer de Green la première édition du Halifax Gazette, alors le premier journal publié au Canada.
Outre son journal, Bushell imprime parfois, sur demande, des documents officiels dont la population a besoin. Parmi eux figure un accord entre le gouverneur de Québec, Ange Duquesne de Menneville, et celui de la NouvelleÉcosse, Peregrine Thomas Hopson.
En 1752, après des années de guerre, la paix s’installe plus ou moins entre les Français et les Anglais. Hopson reconnaît les Acadiens comme étant la seule population agraire établie et les appuie. Appuyant également les Mi’kmaq, il signe un traité avec Jean Baptiste Cope, ou Major Cope, le chef sachem des Mi’kmaq. Cet esprit de compromis et d’entraide donne lieu à un accord entre Hopson et Duquesne sur l’échange de déserteurs.
Le document qui découle de cet accord, A Cartel for the exchange of deserters / Cartel pour l’échange des déserteurs, imprimé le 8 novembre 1752, serait le premier document bilingue publié au Canada.
Le document a été imprimé sur la même presse que celle qu’avait emmenée Bartholomew Green à Halifax un an plus tôt. Deux copies ont été envoyées aux Lords du Commerce à Londres et se trouvent aujourd’hui au Public Records Office. Il y a également une copie aux Archives publiques de la NouvelleÉcosse, et une autre à la Bibliothèque de l’Assemblée législative de la NouvelleÉcosse.