FitzGibbon et Winder : Bully Boys et hauts fonctionnaires du Parlement

Article 4 / 10 , 44 No. 4 (Hiver)

FitzGibbon et Winder :
Bully Boys et hauts fonctionnaires du Parlement

Combien de greffiers de la Chambre et de bibliothécaires de l’Assemblée législative affichent également la mention « guérillero » sur leur curriculum vitae? Sans doute deux seulement : le célèbre héros de la guerre de 1812, James FitzGibbon, et le moins connu William Winder. Dans cet article, l’auteure raconte les exploits des Bully Boys du Parlement.

Carrie Hull

Le livre The Medical Profession in Upper Canada, 1783-1850 contient un passage intrigant au sujet de William Winder, bibliothécaire du Parlement du Haut-Canada et plus tard de la Province du Canada.

On raconte qu’il était lieutenant du 49e régiment en 1812, et qu’il était avec l’héroïque FitzGibbon dans la péninsule du Niagara, où il s’est distingué.

Montré dans la photo ci-dessous, le bibliothécaire sombre et probe aurait été un soldat servant aux côtés de James FitzGibbon, qui a lui-même été greffier de la Chambre d’assemblée du Haut-Canada, puis du Conseil législatif de la province du Canada. FitzGibbon est célèbre pour ses exploits durant la guerre de 1812. Le rôle de Winder, en revanche, est resté plutôt dans l’ombre.

FitzGibbon, un Irlandais du 49e régiment de l’armée britannique du général Isaac Brock, arrive au Québec en 1802 après que son unité ait reçu l’ordre de se rendre au Canada. FitzGibbon avait alors l’intention de prendre sa retraite, mais la guerre de 1812 est intervenue. En 1813, York (aujourd’hui Toronto) était tombée aux mains des Américains, et le Parlement avait été réduit en cendres.

On demande d’abord à FitzGibbon de recueillir des renseignements sur l’ennemi dans la péninsule du Niagara. On raconte entre autres qu’il s’est déguisé en colon pour accéder au campement américain de Stoney Creek. Grâce aux informations récoltées par ce dernier sur le nombre d’ennemis, les Britanniques mènent une offensive nocturne qui a abouti à la capitulation de deux brigadiers-généraux et à la capture de 100 prisonniers.

FitzGibbon reçoit ensuite la permission de choisir personnellement 50 hommes qui iraient au-devant de l’armée et pouvant agir contre l’ennemi à leur guise et sous leur propre responsabilité. Essentiellement, FitzGibbon forme une brigade de ce que nous pourrions appeler aujourd’hui des guérilleros, dont l’un est son ami, William Winder.

Les combattants de FitzGibbon se forgent rapidement une réputation de soldats audacieux et rusés, traquant les mouvements de l’ennemi et se faisant surnommer les Bully Boys, les Bloody Boys et les Green Tigers. L’un des hommes de l’unité raconte que leurs uniformes tout verts ont été volés à des soldats américains.

La victoire de Beaver Dams, tout près de St. Catharines, est la plus célèbre des Green Tigers. Les hommes de FitzGibbon réussissent à couper les communications américaines entre le fort Érié, le fort Niagara et le fort George situé à proximité. L’unité américaine près du fort George, composée d’environ 500 soldats, décide de marcher sur Beaver Dams pour lancer une attaque-surprise le 24 juin 1813.

À l’insu des Américains, Laura Secord entend des soldats parler de l’attaque, l’amenant à parcourir 27 kilomètres depuis Queenston. Trouvée par une bande de guerriers Kahnawake (Mohawk), elle est emmenée à FitzGibbon pour qu’elle puisse lui transmettre l’information. Les Kahnawake tendent alors une embuscade aux envahisseurs américains. Trois heures après le début de la bataille, FitzGibbon et ses hommes arrivent à cheval et font croire aux Américains qu’ils représentent une force beaucoup plus importante. Les Américains se rendent. FitzGibbon admet plus tard que les Mohawks ont tellement terrifié l’ennemi qu’il a simplement dit aux Américains qu’ils seraient massacrés par ces féroces guerriers s’ils ne montraient pas le drapeau blanc.

Quelques semaines plus tard, FitzGibbon ordonne à Winder et au lieutenant-colonel Thomas Clark de mener un raid sur le fort Schlosser dans l’ouest de l’État de New York (aujourd’hui Niagara Falls). Les hommes réussissent leur mission, capturant une canonnière, deux bateaux, un canon, des armes légères et des fournitures.

Après la guerre, Winder devient médecin et FitzGibbon, fonctionnaire. En 1836, le Dr Winder est nommé bibliothécaire du Parlement du Haut-Canada, puis de la Province du Canada, poste qu’il a conservé jusqu’en 1856. FitzGibbon devient greffier de la Chambre basse du Haut-Canada en 1827, et greffier de la Chambre haute de la Province du Canada en 1841. Tout au long de sa vie, Winder demeure l’ami de FitzGibbon, ainsi que son médecin personnel.

Notes

1. William Canniff, The Medical Profession in Upper Canada, 1783-1850, Toronto, William Briggs, 1894, p. 664.

2. Ruth McKenzie, « FitzGibbon, James », dans Dictionary of Canadian Biography, vol. 9, University of Toronto/Université Laval, 2003–, consulté le 12 février 2021.

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