Historique des lignées de politiciens de l’Île-du-Prince-Édouard
Certaines familles aiment bien raconter à qui veut l’entendre qu’un de leurs membres est un parlementaire, ce qui est en soi exceptionnel; toutefois, cela l’est encore plus quand une famille compte deux premiers ministres parmi ses membres. Cette situation est survenue non pas une, ni même deux, mais bien trois fois à l’Île du Prince Édouard. En effet, des membres des familles Campbell, Ghiz et Palmer sont devenus des politiciens de premier plan, et ont occupé le poste de premier ministre pendant 39 ans au total.
La première dynastie politique de l’Île du Prince Édouard a commencé peu après la mise en place d’un gouvernement responsable dans cette province. Edward Palmer, un conservateur, était alors le troisième premier ministre élu de l’Île-du-Prince-Édouard, poste qu’il a occupé pendant quatre ans. Il a été élu deux fois, mais a été remplacé à la tête du parti par son collègue conservateur, John Hamilton Gray. Le fils d’Edward, Herbert Palmer, a été nommé premier ministre en 1911, mais il a été battu lors d’élections partielles ultérieures, après seulement sept mois au pouvoir. La famille Palmer fut la seule à être divisée par des considérations partisanes, Edward Palmer étant un fervent conservateur et Herbert Palmer, un libéral dévoué.
La famille Campbell, de Summerside, est la deuxième à avoir donné deux premiers ministres à l’Île-du-Prince-Édouard. Thane Campbell, titulaire de la bourse Rhodes et avocat en exercice, est devenu premier ministre en 1936 et a dirigé la province pendant la Seconde Guerre mondiale. C’est d’ailleurs lui qui a créé le premier parc national de l’île et a promulgué la première loi sur la fonction publique de la province. Le deuxième premier ministre Campbell, Alexander, a quant à lui remporté son siège en 1966, devenant ainsi le plus jeune premier ministre élu de l’histoire du Canada. Il détient également le record du plus long mandat à titre de premier ministre l’Île du Prince Édouard. Pendant ses 12 années au pouvoir (de 1966 à 1978), il a ouvert la voie à une nouvelle ère politique dans la province en modernisant les programmes sociaux et économiques et en établissant une relation de collaboration entre la province et le gouvernement fédéral.
La troisième lignée de politiciens de l’Île du Prince Édouard a vu le jour lorsque Joseph Ghiz est devenu premier ministre. La victoire électorale de Joseph a été un jalon important, car il fut la première personne d’origine non occidentale à occuper un poste de premier ministre au Canada. Joseph avait un amour profond pour le Canada et il a soutenu le gouvernement fédéral dans le contexte des accords du lac Meech et de Charlottetown. Son patriotisme a plus tard fait surface dans l’un des dossiers les plus controversés de l’Île-du-Prince-Édouard, en l’occurrence la construction d’un pont reliant l’île et le Canada continental. L’achèvement du pont de la Confédération, en 1997, a mis fin à un débat politique controversé à l’île et a permis l’avancement de l’un des projets d’infrastructure les plus remarquables du Canada atlantique. Des années plus tard, Robert Ghiz a suivi les traces de son père, devenant premier ministre alors qu’il était encore relativement jeune, c’est à dire à 32 ans, lors des élections de 2007. De nombreux détracteurs et opposants politiques ont ignoré sa candidature en raison de son âge, ce qui a donné lieu à deux victoires électorales décisives; il a ainsi remporté 23 des 27 sièges en 2007 et 22 des 27 sièges en 2011. Robert a été premier ministre jusqu’en 2014, lorsqu’il a démissionné pour occuper un poste diplomatique.
Ben Morrissey
Stagiaire à l’Assemblée législative de l’Île
du Prince Édouard