La diplomatie parlementaire dans une ère d’incertitude : Vers un changement de paradigme dans les missions internationales du Parlement du Canada

Article 3 / 10 , 45 No. 4 (Hiver)

La diplomatie parlementaire dans une ère d’incertitude : Vers un changement de paradigme dans les missions internationales du Parlement du Canada

L’avènement de la pandémie de la COVID-19 aura forcé un changement temporaire de l’engagement diplomatique du Parlement du Canada, notamment par la virtualisation de ses activités internationales. Cependant, il y a raison de croire que le monde post-pandémie sera différent à bien des égards et qu’une adaptation sera nécessaire. Ainsi, cet article vise à lancer une réflexion sur des facteurs qui pourraient avoir un impact sur les futures missions internationales du Parlement. Il explorera aussi des éléments soutenant ces activités et proposera de revoir ceux-ci par l’entremise d’une stratégie. Le tout afin mieux guider la conduite des missions internationales dans un environnement différent et incertain.

David-Andrés Novoa

Un environnement différent

L’engagement diplomatique actuel du Parlement du Canada vise généralement trois objectifs officieux: « Échanger des idées et des pratiques exemplaires; contribuer à l’orientation des actions et des politiques publiques; et promouvoir les valeurs démocratiques et les intérêts canadiens à l’étranger »1. Un des principaux instruments pour atteindre ces objectifs sont les missions internationales des parlementaires canadiens qui se traduisent bien souvent par des visites bilatérales ou la participation à des conférences.

Ces missions ont évolué dans un contexte favorable de mondialisation depuis les années 90. À cette époque, tisser des liens avec d’autres acteurs internationaux était plus facile puisque la montée de la démocratie semblait être un mouvement irréversible. La libéralisation du commerce aura aussi contribué à l’augmentation des interactions internationales, puisque la recherche de nouveaux débouchés commerciaux était la priorité de nombreux gouvernements. Enfin, des croissances économiques soutenues dans plusieurs régions du monde ont probablement permis que les budgets des parlements pour la diplomatie soient aussi plus généreux.

Toutefois, depuis quelques années, le contexte a changé. Un déclin démocratique mondial, des disparités économiques prononcées et une instabilité géopolitique croissante ont complexifié l’environnement international. La pandémie aura servi de catalyseur pour accentuer ces tendances. Au niveau national, la baisse dans la participation électorale reflète une certaine apathie envers les institutions démocratiques.

Cinq facteurs émergeant de ce nouveau contexte pourraient avoir un impact sur la planification et la conduite des missions internationales du Parlement du Canada.

Facteurs qui pourraient avoir un impact sur les missions internationales

 Récession démocratique

Le rapport 2022 de la Freedom House brosse un portrait inquiétant sur l’état de la démocratie à travers le monde. Celui-ci soutient que le monde fait face à une « expansion globale des régimes autoritaires » puisqu’il existe un nombre croissant de pays où la démocratie et les institutions qui la soutiennent sont en déclin, pour une 16e année consécutive2. Ce climat est propice aux régimes autoritaires qui nouent des alliances et sont de plus en plus disposés à bafouer les principes du droit international, comme en témoigne l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Dès lors, il y aura vraisemblablement de moins en moins d’homologues pleinement démocratiques avec qui les parlementaires canadiens pourront échanger.

Ingérences étrangères 

Les menaces à l’égard de la démocratie ne sont pas un problème qui se limite aux États fragiles. Un rapport du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) publié en 2021 explique comment des États étrangers mènent des activités d’ingérence au Canada pour favoriser leurs intérêts stratégiques3. Leurs cibles sont l’électorat canadien, les médias, les fonctionnaires et les parlementaires, entre autres. Le tout afin de saper la confiance dans la démocratie et perturber l’ordre mondial fondé sur des règles. Force est de constater que le Canada fait face à une potentielle érosion démocratique. Ainsi, il ne s’agira plus seulement de promouvoir la démocratie mais aussi de la défendre.

Divulgation proactive

Le projet de loi C-58 (42e législature, première session)4 a introduit des mesures de divulgation proactive au Parlement du Canada. De ce fait, de nouveaux rapports plus détaillés sur les frais de déplacement et d’accueil relatifs aux activités de la diplomatie parlementaire doivent être publiés. Dans le cas qui nous intéresse, le rapport divulguera les frais de déplacement et d’hébergement, l’indemnité journalière et les autres frais engagés par chaque participant, y compris ceux des présidents, des parlementaires et du personnel5. Bien que des rapports étaient déjà publiés par le Parlement pour ces missions, les pratiques variaient selon les activités et les montants étaient agréées par catégories (transport, hébergement etc.), non par individus. Cette augmentation de transparence est bénéfique mais elle pourrait être utilisée pour critiquer quelconque activité internationale perçue comme vaine.

Compressions budgétaires

L’urgence sanitaire mondiale a eu un impact négatif sur les finances publiques à travers le monde. Au Canada, cela s’est traduit par l’augmentation du déficit fédéral en raison de revenus diminués et des mesures adoptées par le gouvernement pour soutenir l’économie6. Bien que cette conjoncture ait été temporaire, l’impact sera ressenti pendant plusieurs années à venir. En effet, un rapport du Conference Board of Canada prévoit qu’il n’y aura pas d’équilibre budgétaire avant 20407. Combiné à un vieillissement de la population et des demandes d’aide financière de la part des provinces, il y a lieu de croire que les futurs gouvernements exerceront un contrôle strict des finances. Cela risque de toucher les fonds alloués au Parlement du Canada et, par extension, le montant que les parlementaires allouent à la diplomatie parlementaire. Puisque la situation est similaire à l’étranger, elle risque de limiter l’habilité des parlements à accueillir des délégations ou tenir des activités parlementaires internationales.

La diplomatie virtuelle

La pandémie aura forcé l’utilisation d’outils comme les vidéoconférences pour continuer les engagements internationaux des parlementaires canadiens. Bien que cette alternative ait pu être considérée comme temporaire, et moins efficace que les rencontres en personne, il y a raison de croire que les rencontres virtuelles sont un nouvel outil dans l’arsenal de la diplomatie parlementaire. En effet, selon le Rapport aux Canadiens 2022, les parlementaires canadiens ont pris part à plus de 290 événements virtuels entre le ١er avril 2021 et le 31 mars 20228. Mettre de côté l’expérience développée par l’utilisation intensive de ce nouveau format serait illogique en raison des nombreux bénéfices qu’elle comporte. Il faudra alors intégrer et surtout maitriser les réunions virtuelles afin de demeurer engagé dans la scène parlementaire internationale.

 L’ensemble de ces facteurs porte à croire que l’environnement dans lequel la diplomatie parlementaire externe se déroulera désormais, en est un de changement et d’instabilité. Dès lors, le Parlement du Canada devrait considérer s’adapter à celui-ci afin de demeurer pertinent au niveau international. Pour y parvenir, il devrait maximiser et redéfinir le rôle des ressources au service des missions internationales, tout en adoptant une approche pragmatique qui lui permet de produire des résultats tangibles. Ceci devrait passer par une stratégie visant à revoir les éléments qui guident et soutiennent ses missions internationales.

Éléments à revoir dans le cadre d’une stratégie pour les missions internationales

Les objectifs

Puisque le Parlement du Canada a des objectifs très larges, il gagnerait à établir sous ceux-ci des thèmes spécifiques prioritaires qui servent ses intérêts immédiats. Le tout afin d’apprendre, durant une période déterminée, sur les défis ou meilleures pratiques d’autres parlements. En tenant compte du contexte des menaces à l’égard de la démocratie et de la montée du virtuel, voici certains thèmes qui pourraient être pertinents pour les parlementaires canadiens.

 La sécurité des parlementaires

Au cours des dernières années, les politiciens canadiens ont fait face à une montée de menaces et d’intimidation. Ce qui avant se limitait à du harcèlement dans les réseaux sociaux se traduit maintenant parfois par des agressions en personne. Au Royaume-Uni, par exemple, deux parlementaires ont été assassinés au cours des six dernières années9. Que font concrètement les autres pays pour protéger les parlementaires tout en garantissant leur accès aux citoyens? Cette inquiétude est d’actualité puisqu’elle a été un des aspects ressortissants de la Conférence des Présidents d’assemblée des chambres basses du G7 en 202110.

 Les ingérences étrangères

Le rapport 2021 du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) énumère les façons utilisées par les acteurs étrangers pour influencer les décisions politiques ou orienter les résultats d’une élection au Canada11. Dans ce dernier cas, un exemple concret est celui des circonscriptions qui semblent avoir été visées par des opérations d’influence externe lors de la campagne électorale de 202112. Sous quelles formes les ingérences se manifestent dans d’autres pays13? Quelles mesures les parlements prennent-ils pour éduquer les parlementaires et leurs fonctionnaires? Devrait-on considérer la mise en place d’autorisations de sécurité au Parlement du Canada? Mieux comprendre ce phénomène, en récoltant les expériences d’autres assemblées législatives, permettrait de le combattre et de limiter son impact.

Le télétravail pour parlementaires

La pandémie aura forcé l’adoption du télétravail afin de permettre aux parlementaires de poursuivre leurs délibérations. De plus, avec la création d’une application permettant aux députés de la Chambre des communes de voter à distance14, la table est mise pour permettre aux parlementaires de changer fondamentalement le fonctionnement du Parlement. Bien qu’il y ait des
avantages comme l’établissement d’une meilleure conciliation travail-famille, d’une plus grande présence dans les circonscriptions et de mesures rendant le Parlement plus accessible aux personnes ayant des handicaps, il y a aussi des désavantages. Certains suggèrent que cela ne permet pas aux parlementaires de faire un examen minutieux des activités gouvernementales15. De plus, il y a le risque que le virtuel isole les parlementaires de perspectives différentes, notamment par l’absence d’échanges avec des parlementaires d’autres partis ou groupes. Ceci pourrait contribuer à l’accroissement de la polarisation politique. Bref, plusieurs parlements auront à faire la même réflexion et il serait intéressant de recenser ces expériences afin d’aider les parlementaires à prendre une décision plus permanente16.

 Ces trois thèmes suggérés répondent à des besoins concrets et immédiats. Évidemment, il y en a plusieurs autres qui vaudraient la peine d’être explorés. Un tel exercice permettrait d’éventuellement peaufiner les objectifs du Parlement du Canada en matière de diplomatie parlementaire.

Le rôle des fonctionnaires parlementaires

 Le rôle et mandat des fonctionnaires gagneraient à être revus afin qu’ils puissent mieux soutenir les activités internationales. Certaines options permettraient de les habiliter à cet égard.

Expertise stratégique interne

En ce moment, les fonctionnaires du Parlement fournissent un support administratif, logistique et de recherche ciblée, par l’entremise de la Bibliothèque du Parlement, aux missions internationales parlementaires. Quand vient le temps d’obtenir des conseils sur les relations internationales, c’est le ministère d’Affaires mondiales Canada qui assume ce rôle par l’entremise de documents ou séances d’information. Et bien que cet apport soit très utile, les considérations parlementaires y sont souvent mitigées, pour ne pas dire absentes, puisque ce ministère sert en premier lieu les intérêts du gouvernement. Ainsi, il serait pertinent d’avoir un groupe permanent au sein du Parlement qui travaille à fournir des recommandations stratégiques sur des considérations parlementaires internationales. Ceci aurait pour bénéfice de donner au Parlement un peu plus d’indépendance à l’égard des questions internationales.

Un réseau international de fonctionnaires parlementaires

Le Parlement du Canada pourrait promouvoir la création d’un nouveau réseau international de fonctionnaires parlementaires partageant les mêmes valeurs que le Canada afin de répondre à la montée de l’autoritarisme. Contrairement aux réseaux qui existent déjà17, cet éventuel réseau devrait être composé de fonctionnaires qui œuvrent directement dans les relations internationales de leurs parlements et devrait se réunir régulièrement. Le groupe du G7 serait un premier candidat puisqu’il regroupe des pays ayant un engagement ferme à l’égard de la démocratie. Un tel groupe pourrait se pencher sur des sujets d’intérêt commun afin de mieux cerner les défis au niveau international ou pour coordonner ses actions. Par exemple, les fonctionnaires parlementaires pourraient discuter préalablement des déclarations à émettre lors de conférences parlementaires internationales pour établir des positions communes. Ceci puisque certains pays visent de plus en plus à intégrer du texte qui mine les normes internationales et font prévaloir les intérêts des États aux dépens de ceux des individus18. Contrer de telles érosions des principes internationaux et, par extension, la démocratie, demande des actions coordonnées des parlementaires qui passent par une coordination administrative interparlementaire.

Le format des missions

 En raison de la vaste expérience acquise avec les réunions virtuelles durant la pandémie, il y a lieu de croire que ces dernières ne sont pas près de disparaitre. Quant aux missions internationales présentielles, elles demeureront, sans doute, mais devront être de plus en plus justifiées. Dès lors, les missions parlementaires devraient maintenant être soit virtuelles, soit présentielles. Pour déterminer le format préférentiel pour chaque activité, le Parlement devrait évaluer certains facteurs favorisant ces types de rencontres.

Facteurs favorisant des rencontres présentielles

Les grands rassemblements de parlementaires comme les conférences internationales ou les assemblées générales annuelles des associations parlementaires internationales devraient demeurer des rencontres en personne. En effet, ces activités permettent aux parlementaires et fonctionnaires d’interagir avec des nombreux interlocuteurs outre que les parlementaires, comme des ONG, des représentants de la société-civile ou des experts. De plus, ils permettent d’établir des consensus en marge de ces réunions, notamment quand vient le temps de négocier des déclarations. Ils permettent aussi de promouvoir les objectifs de la diplomatie parlementaire canadienne par l’entremise des rencontres bilatérales impromptues.

 La nature des thèmes à traiter devrait être aussi un facteur. Par exemple, si les discussions portent sur des sujets sensibles comme la sécurité des parlementaires ou les ingérences externes, il pourrait être bénéfique de considérer des réunions présentielles afin d’établir un climat de confiance, propice à l’approfondissement de ce genre de questions. Ceci est d’autant plus vrai lorsque le but est d’établir des d’alliances ou des réseaux de coopération durables.

Enfin, l’engagement des interlocuteurs à l’égard de la démocratie est une considération qui deviendra de plus en plus primordiale. En effet, une visite dans un État où il n’y a pas d’interlocuteurs démocratiques pourrait mener à des discussions marquées par la langue de bois. De plus, une telle activité pourrait être perçue comme un appui implicite par le Canada à ces régimes. À l’avenir, si des missions internationales parlementaires effectuent des visites dans des régimes non-démocratiques, il sera de plus en plus difficile de les justifier aux yeux de l’opinion publique. Ainsi, il y aurait lieu de privilégier les rencontres présentielles avec des parlements qui veulent renforcer la démocratie, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de leurs frontières.

 Facteurs favorisant des rencontres virtuelles

 L’utilisation de la technologie permettrait d’obtenir des perspectives d’acteurs difficiles d’accès. Par exemple, même dans les régimes non-démocratiques, il y aura toujours des démocrates qui valent la peine d’être entendus. C’est ici que la diplomatie virtuelle permet d’établir des ponts de façon simple et efficace. En effet, les parlementaires canadiens pourraient discuter avec les leaders de la société civile ou l’opposition, à huis clos si nécessaire, afin d’avoir l’heure juste sur la situation politique dans un pays. Il y aurait même lieu de considérer des visites de site virtuelles19, comme les projets de développement canadiens dans des régions éloignées, pour simplifier la logistique liée à ce genre de déplacements.

Le virtuel facilite aussi une plus grande participation dans les activités internationales. Il permet d’impliquer beaucoup plus les parlementaires et d’assurer un plus grand partage de connaissances. Le tout en permettant des économies de temps et d’argent. Par ailleurs, il y a même lieu de songer que certaines de ces activités virtuelles pourraient être accessibles au public afin de lever le voile sur un volet du travail des parlementaires qui est peu valorisé et parfois même critiqué.

Le virtuel est bon pour l’environnement car il permet de réduire les nombreux déplacements en avion, qui sont une importante source de gaz à effet de serre. Dans un monde où les gouvernements mènent des initiatives pour limiter les changements climatiques, les parlementaires seront de plus en plus appelés à donner l’exemple en réduisant leurs déplacements aériens. En ce sens, les vidéoconférences offrent une alternative plus écologique.

Conclusion

Certains experts croient que la décennie des années 20 sera une ère « d’imprévisibilité prévisible » où les anciennes institutions ou attitudes qui assuraient une stabilité dans l’ancien monde, semblent mal adaptées pour le nouveau20. Ceci pourrait être vrai dans le cas de la conduite des missions internationales du Parlement du Canada, si aucune adaptation n’est entreprise. Dès lors, un changement de paradigme à l’égard des relations interparlementaires est nécessaire. Pour y parvenir, l’établissement d’une stratégie qui vise à revoir les éléments soutenant la diplomatie parlementaire canadienne permettrait aux missions internationales de demeurer pertinentes dans ce nouvel environnement.

Puiser dans le bassin de la diversité qui existe au sein du Parlement du Canada, afin que cette stratégie reflète les valeurs et intérêts des parlementaires, serait essentiel. De plus, une discussion formelle entre les parlementaires et les nombreux acteurs qui soutiennent les relations internationales du Parlement serait bénéfique. Par exemple, ceci pourrait être accompli en consultant Affaires mondiales Canada afin d’établir une stratégie qui complémente les objectifs internationaux du pays, mais qui donne préséance aux intérêts et priorités du Parlement canadien. Le tout afin de concevoir des objectifs distincts mais alignés.

La stratégie devrait viser à revigorer le mandat des missions internationales, principalement à deux égards. Premièrement, en établissant des objectifs formels pour la diplomatie parlementaire. Notamment, le Parlement devrait viser à échanger sur des thèmes en lien avec la protection de la démocratie au Canada et à l’étranger. Dès lors un objectif pourrait être de « promouvoir et défendre les valeurs démocratiques ». Ceci, non pas afin d’être alarmiste, mais plutôt réaliste. Deuxièmement, les missions devraient avoir un impact tangible. Par exemple, les parlementaires devraient émettre des recommandations dans les rapports préparés après chaque mission internationale. Ceci permettrait aux délégations d’influencer les futures priorités ou activités du Parlement.

L’allocation de ressources humaines pour analyser ces recommandations et coordonner la stratégie est indispensable. Il faudrait donc des fonctionnaires avec une expertise internationale, qui sont à l’affut des enjeux interparlementaires et qui veillent aux intérêts du Parlement du Canada. Pour y parvenir, tisser des liens permanents avec les fonctionnaires parlementaires d’autres pays est clé, parce qu’au niveau international les actions en groupe auront plus d’impact que les efforts individuels. Par ailleurs, avec une plus grande occurrence des gouvernements minoritaires, ces fonctionnaires permettraient une stabilité stratégique à travers les parlements. Ceci est primordial puisque les enjeux internationaux demandent souvent des efforts de longue haleine. Expertise, collaboration et continuité sont des atouts qui permettraient de mieux supporter stratégiquement les parlementaires dans un nouveau monde des relations interparlementaires.

Établir des lignes directrices pour déterminer quand les missions devraient prioriser les réunions virtuelles ou présentielles permettrait d’institutionaliser cette nouvelle dualité de la diplomatie parlementaire. Ceci implique que le Parlement devrait s’assurer qu’il existe assez de ressources pour que les activités internationales puissent utiliser les vidéoconférences, sans compromettre les ressources déjà allouées à d’autres directions parlementaires. Et avec l’arrivée de nouvelles générations de parlementaires férus de technologie, il est encore plus important pour le Parlement de constater que la consolidation du virtuel est bien réelle.

Cet article n’a touché qu’un des nombreux aspects composant la diplomatie parlementaire au sein du Parlement du Canada. De ce fait, pour s’adapter pleinement, une stratégie de diplomatie parlementaire pour l’ensemble des activités internationales du Parlement devrait être considérée, comme l’a fait la Chambre des députés de l’Italie21. Ceci passerait par la coordination des missions à l’étranger menées par les comités parlementaires, des visites de délégations entrantes, des visites de courtoisie des présidents, et des conférences ayant lieu au Canada, entre autres. Cette approche plus holistique gagnerait à être explorée dans cette ère d’incertitude.

Notes

1 Natalie Mychajlyszyn, « La diplomatie parlementaire : les parlementaires canadiens et le monde », Notes de la Colline, 18 novembre 2021. https://notesdelacolline.ca/2021/11/18/la-diplomatie-parlementaire-les-parlementaires-canadiens-et-le-monde-2/

2 Sarah Repucci et Amy Slipowitz, « The Global Expansion of Authoritarian Rule », Freedom House, février 2022. https://freedomhouse.org/report/freedom-world/2022/global-expansion-authoritarian-rule

3 « Menaces d’ingérence étrangère visant les processus démocratiques du Canada », Service canadien du renseignement de sécurité, juillet 2021. https://www.canada.ca/fr/service-renseignement-securite/organisation/publications/menace-dingerence-etrangere-visant-les-processus-democratiques-du-canada.html

4 « Loi modifiant la Loi sur l’accès à l’information, la Loi sur la protection des renseignements personnels et d’autres lois en conséquence (C-58) », LEGISinfo, 19 juin 2017. https://www.parl.ca/LegisInfo/fr/projet-de-loi/42-1/c-58

5 Laura Ryckewaert, « Deeper, detailed look at Parliament’s spending coming as new disclosure rules take effect », The Hill Times, ٢٢ juillet ٢٠٢٠, p. ١٣.

6 « Rapport financier annuel du gouvernement du Canada Exercice 2020-2021 », Ministère des Finances Canada, 20 décembre 2021. https://www.canada.ca/fr/ministere-finances/services/publications/rapport-financier-annuel/2021/rapport.html

7 « Increases in Immigration to Help Offset Effects of Population Aging: Canada’s Outlook to 2045 », The Conference Board of Canada, 23 novembre 2021, p. 11.

8 « Rapport aux Canadiens 2022 », Chambre des communes – Canada, 21 juin 2022. https://www.noscommunes.ca/reporttocanadians/fr/version-imprimable?year=2022

9 La députée Jo Cox en 2016 et le député Sir David Amess en 2021.

10 « Speakers and Presidents of the Lower Houses of the member states of the G٧ Chorley, United Kingdom ٢٠٢١ – Declaration », UK Parliament, 21 septembre 2021. https://www.parliament.uk/business/news/2021/september-2021/speakers-and-presidents-of-the-lower-houses-of-the-member-states-of-the-g7–chorley-united-kingdom-2021–declaration/

11 « Menaces d’ingérence étrangère visant les processus démocratiques du Canada », Service canadien du renseignement de sécurité, juillet 2021. https://www.canada.ca/fr/service-renseignement-securite/organisation/publications/menace-dingerence-etrangere-visant-les-processus-democratiques-du-canada.html

12 Alex Boutilier, « Conservatives believe 13 ridings were targeted by foreign interference in 2021 election », Global News, 15 décembre 2021. https://globalnews.ca/news/8452551/conservatives-foreign-interference-canada-election-2021/

13 Gordon Corera, et Jennifer Scott, « MI5 warning over ‘Chinese agent’ in Parliament », BBC News, 13 janvier 2022. https://www.bbc.com/news/uk-politics-59984380

14 « Le nouveau processus de vote en mode hybride », Chambre des communes – Canada, ٢٦ février ٢٠٢١. https://www.noscommunes.ca/Content/Newsroom/Articles/FactSheet-SystemeDeVoteElectronique-f-Final-02-25.pdf

15 « Les parlements virtuels – Choix et valeurs démocratiques », Le Centre Samara pour la démocratie, ١er mai 2020. https://www.samaracanada.com/fr/democracy-monitor/les-parlements-virtuels

16 La Chambre des communes a adopté une motion le 23 juin 2022 permettant la résomption de la chambre hybride jusqu’au 23 juin 2023.

17 Pensons à l’Association des secrétaires généraux des parlements francophones (ASGPF) au sein de la Francophonie et au Society of Clerks-at-the-Table in Commonwealth Parliaments (SOCATT) dans le Commonwealth.

18 Par exemple dans le cas de la Déclaration de haut niveau adoptée lors de la 5e conférence des présidents de l’UIP en 2021, les présidents de plusieurs pays ont exprimé des réserves à l’égard de la terminologie « avenir collectif pour l’humanité_» puisqu’elle est promue par la Chine et viserait à miner les normes internationales. Pour une explication détaillée voir Stella Chen, « Community of Common Destiny for Mankind », The CMP Dictionary, 25 août 2021. https://chinamediaproject.org/the_ccp_dictionary/community-of-common-destiny-for-mankind/

19 « La ministre Gould conclut sa visite virtuelle en Colombie et annonce de nouveaux projets », Affaires mondiales Canada, ٥ mars 2021. https://www.canada.ca/fr/affaires-mondiales/nouvelles/2021/03/la-ministre-gould-conclut-sa-visite-virtuelle-en-colombie-et-annonce-de-nouveaux-projets.html

20 « The new normal is already here. Get used to it », The Economist, ١٨ décembre ٢٠٢١, p. ١٣

21 David Beetham, « Parliament and Democracy in the Twenty-First Century – A Guide to Good Practice », Genève, Inter-Parliamentary Union, 2006, p. 174. « The Italian Chamber of Deputies has a separate Committee for Parliamentary Diplomacy, which is “responsible for harmonizing the international activities of permanent committees and parliamentary delegations to international assemblies as well as the activities of bilateral cooperation groups and other organs of the Chamber.” » http://archive.ipu.org/PDF/publications/democracy_en.pdf

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