La représentation descriptive des femmes dans la politique canadienne : Incidences de la réforme électorale

Article 4 / 8 , 45 No. 3 (Automne)

La représentation descriptive des femmes dans la politique canadienne : Incidences de la réforme électorale

Malgré les progrès importants réalisés au cours des dernières décennies, les femmes au Canada continuent d’être sous-représentées à la Chambre des communes. De nombreuses raisons ont été évoquées pour expliquer leur sous-représentation, et celle de l’incidence du système majoritaire uninominal (SMU) n’est pas la moindre. En effet, les effets du système électoral se font sentir sur les aspirations, l’investiture et l’élection des candidates. À l’aide de données tirées du système par scrutin préférentiel (SP) de l’Australie et du système mixte proportionnel (SMP) de la Nouvelle-Zélande, nous procéderons à une évaluation critique du système électoral canadien du point de vue de la représentation descriptive des femmes. Les données probantes indiquent que bien que l’adoption du système de SP australien puisse avoir, au mieux, une incidence minime, si le Canada passait au SMP, même si celui-ci n’est pas une panacée qui éliminerait la sous-représentation des femmes, probablement qu’une plus grande proportion de femmes seraient élues à la Chambre des communes comparativement aux résultats actuels dans le cadre du SMU.

Mark Johnson

Introduction

Malgré les progrès importants réalisés au cours des dernières décennies, au Canada, les femmes continuent d’être sous-représentées à la Chambre des communes. De nombreuses études ont mis en évidence des facteurs qui expliquent ce décalage entre la proportion de femmes dans la population et leur représentation à la Chambre des communes du Canada, notamment la persistance de normes et de préjugés sexistes, un environnement politique masculinisé, des ressources financières et des possibilités de réseautage moindres pour les femmes, et la faiblesse de la gauche politique au pays. En outre, le système électoral actuel du Canada, soit le système majoritaire uninominal (SMU) (également appelé « système uninominal majoritaire à un tour »), est associé à la sous-représentation des femmes.

À l’issue des élections fédérales de 2021, la Chambre des communes du Canada affichait la plus forte proportion de femmes de l’histoire du pays : 30 % des 338 députés s’identifiaient alors comme des femmes. Toutefois, selon l’Union interparlementaire, le Canada accuse du retard par rapport à de nombreux autres pays et a glissé du 16e rang en 1997 au 58e rang (données de novembre 2021) dans le monde au chapitre du pourcentage de femmes dans les assemblées législatives nationales. Peut-on s’attendre à ce que la réforme électorale au Canada compense les obstacles à la présence d’un plus grand nombre de femmes en politique, notamment l’insuffisance des efforts de recrutement des partis politiques, l’incivilité et le manque de coopération durant les campagnes et au Parlement ainsi que les diverses réalités socioéconomiques et psychologiques? Il s’agit en effet de facteurs à prendre en considération, car ils exercent une influence sur la probabilité que les femmes aspirent à entrer en politique, soient mises en candidature par les partis politiques et soient élues, et qui peuvent dans une large mesure être liés au système électoral.

À l’issue de la Quatrième Conférence mondiale des Nations Unies sur les femmes, qui s’est tenue à Beijing en 1995, le Programme d’action a recommandé aux gouvernements de « prendre des mesures propres à assurer aux femmes l’égalité d’accès et la pleine participation aux structures du pouvoir et à la prise de décisions ». Le Programme a spécifiquement appelé les gouvernements à examiner l’incidence de leurs systèmes électoraux sur la représentation des femmes et à entreprendre les réformes nécessaires. Depuis des dizaines d’années, les recherches montrent qu’une proportion plus élevée de femmes se fait élire dans les systèmes électoraux à représentation proportionnelle 1 . Bien qu’il ne soit pas le seul facteur à avoir une incidence sur la représentation des femmes, le système électoral est certainement un facteur important.

Melanee Thomas, professeure de sciences politiques à l’Université de Calgary, souligne que les femmes sont susceptibles de considérer l’augmentation du nombre de femmes élues comme un signe qu’elles ont un rôle à jouer dans les institutions politiques décisionnelles et qu’elles peuvent ainsi rendre les décisions des institutions plus légitimes 2 . Si l’on s’accorde généralement pour dire que la sous-représentation des femmes en politique canadienne est un problème, les solutions à privilégier ne font pas consensus. Parmi les avenues possibles, mentionnons des quotas hommesfemmes, des sièges réservés, des mesures incitatives financières et, bien sûr, une réforme du système électoral. Le présent article, qui est la version abrégée d’un document de recherche beaucoup plus long, examine si l’adoption du système électoral par scrutin préférentiel (SP) (utilisé en Australie) ou du système mixte proportionnel (utilisé en Nouvelle-Zélande) pourrait avoir une incidence positive sur le nombre de femmes élues dans la politique fédérale canadienne.

Démarche et méthodologie

Le présent article se concentre sur la représentation descriptive (ou « en miroir »), c’estàdire sur la proportion des députées et députés qui s’identifient comme des femmes 3 . La représentation descriptive est distincte de la représentation concrète, qui désigne le degré de promotion des intérêts des femmes au sein de l’assemblée législative. L’article porte donc sur la présence des femmes à la Chambre des communes, et non sur leurs actions et priorités en matière de politiques.

J’ai choisi de me concentrer sur les systèmes électoraux de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande à titre de solutions de remplacement possibles parce que ces pays sont des démocraties dont l’origine est similaire à celle de notre démocratie (puisqu’elles sont issues de l’Empire britannique) et que le contexte sur le plan religieux, culturel et racial dans ces pays est relativement comparable au contexte au Canada. Ces deux pays ont également déjà utilisé le SMU, bien que leur chambre basse ait adopté un système différent : l’Australie a adopté le système par SP en 1918, et la Nouvelle-Zélande a adopté le SMP en 1996. Par conséquent, on peut considérer qu’ils ont acquis une expérience raisonnablement comparable à celle du Canada.

Le système électoral à SP et le système électoral mixte proportionnel ont également la particularité d’avoir fait l’objet de discussions approfondies quant à leur applicabilité au Canada. Par exemple, le système mixte proportionnel a été envisagé dans le cadre des référendums sur la réforme électorale en Ontario et à l’ÎleduPrinceÉdouard et il faisait partie de la plateforme électorale du gouvernement actuel du Québec. De plus, l’adoption du système mixte proportionnel à l’échelle fédérale au Canada a été recommandée au pays par la Commission du droit du Canada en 2004 et par le Commission de l’unité canadienne de 1979. La Chambre des communes a également tenu un vote sur le système mixte proportionnel en 2014, et en 2016, le Comité spécial sur la réforme électorale a rapporté que le système mixte proportionnel était celui que privilégiait la majorité des milliers de Canadiens qui s’étaient prononcés en faveur de la réforme auprès du Comité 4 .

Bien que le système par scrutin préférentiel n’ait jamais fait l’objet d’un référendum au Canada, il a néanmoins fait l’objet de nombreuses discussions, car il est considéré comme le système que préfère le premier ministre Justin Trudeau, et le chef du Parti libéral de l’Ontario s’est engagé à l’instaurer en Ontario. Le système par scrutin préférentiel  a également été adopté (pour un certain temps) ces dernières années par plusieurs villes de l’Ontario et a été utilisé dans le passé par certaines provinces. En outre, c’est le système que certains grands partis politiques du Canada utilisent pour sélectionner leur propre chef. En tant que tel, le concept de ce système serait probablement acceptable pour les Canadiens, surtout parce qu’il prévoit des circonscriptions uninominales et qu’il a d’autres similitudes avec le SMU.

Dans le présent document de recherche, nous examinerons si un nouveau système électoral pour le Canada pourrait :

Compenser les obstacles socioéconomiques et psychologiques qui entravent la participation des femmes à la politique canadienne;

Mener les partis politiques canadiens à déployer des efforts plus proactifs et soutenus pour le recrutement et la mise en candidature de femmes;

Mener la sphère politique fédérale canadienne à faire preuve de plus de civilité et de coopération.

Examen de la documentation

Au Canada, les femmes ont obtenu le droit de vote en 1918, et la première députée fédérale (Agnes Macphail) a été élue en 1921. Toutefois, en 1979, presque 60 ans plus tard, les femmes ne représentaient toujours que 3,6 % des députés à la Chambre des communes. Il y a eu des augmentations progressives par la suite, et la représentation des femmes est passée de 20 % en 1997 à 30 % en 2021. Cependant, les femmes sont encore loin d’atteindre la parité avec les hommes, et ce décalage soulève des questions quant à la légitimité sur le plan démocratique.

Faire élire plus de femmes au Canada est plus compliqué qu’il n’y paraît. Des recherches ont montré que les Canadiens sont tout aussi susceptibles de voter pour des femmes que pour des hommes et que les politiciennes potentielles ont souvent de meilleures qualifications 5 . Pour ce qui est des principaux obstacles, on les rencontre bien avant le jour du scrutin, en fait, avant même l’étape de la mise en candidature. Le Canada reste une société patriarcale, où les femmes assument souvent une part disproportionnée des responsabilités familiales et domestiques et où elles sont en général désavantagées en ce qui a trait aux relations professionnelles, au capital social et à la confiance en soi, qui incitent les gens à rechercher une mise en candidature électorale 6 . En outre, les femmes manifestent généralement moins d’intérêt que les hommes pour le monde politique, elles sont moins susceptibles que les hommes d’être recrutées par les partis et elles sont également moins susceptibles qu’eux de donner suite favorablement aux efforts de recrutement des partis 7 . Comme l’a fait remarquer l’ancienne ministre de la Condition féminine du Canada Maryam Monsef, « Si vous connaissez une femme qui ferait une excellente représentante pour votre communauté ou votre municipalité, demandez-lui de se présenter. Puis demandez-le-lui 14 fois de plus, car c’est le nombre de fois qu’il faudra le faire pour la convaincre qu’elle a ce qu’il faut 8  » [traduction].

Il est important de reconnaître que le fait d’être en mesure de se présenter à l’investiture d’un parti ou pour un poste de titulaire élu d’une charge est, en soi, une position privilégiée. Les personnes doivent avoir la motivation, les ressources et le mode de vie qui correspondent à la vie politique. L’accès des femmes à la politique est entravé par la disparité salariale entre les hommes et les femmes au Canada, car la sécurité économique est essentielle étant donné que des mois d’arrêt de travail sont souvent nécessaires pour mener une campagne d’investiture et une campagne électorale 9 . En général, les femmes au Canada ont également moins accès aux possibilités de réseautage et moins de temps à y consacrer, sont plus susceptibles d’occuper un emploi précaire ou à temps partiel, sont moins susceptibles d’exercer un métier considéré comme lié à la politique comme le droit et les affaires, et sont moins susceptibles d’être promues dans leur milieu de travail, ce qui entrave leur expérience et leur capacité de leadership 10 . Les femmes sont également moins susceptibles d’être membres d’un parti au départ 11 , sont encore plus sousreprésentées parmi les présidents des associations de circonscription 12 et déclarent être moins susceptibles de se percevoir comme qualifiées pour se présenter aux élections 13 .

La sous-représentation des femmes à la Chambre des communes entraîne des conséquences qui vont au-delà des questions évidentes de légitimité. En plus du nombre limité de modèles féminins, mentionnons qu’en l’absence relative de figures politiques féminines fortes, il se peut que les femmes aient peu confiance en leurs capacités politiques et qu’elles soient victimes de tendances « enracinées et alimentées par la socialisation et par les rôles des sexes qui découragent le choix de la politique comme vocation pour les femmes 14  » [traduction]. Il est vrai que les principaux partis politiques canadiens ont pris des mesures ces dernières années pour recruter davantage de femmes (et des membres d’autres groupes en quête d’équité), notamment les libéraux, les néo-démocrates et les verts, qui exigent chacun la mise sur pied d’un comité de recherche sur la diversité dans le cadre de la mise en candidature des candidats 15 . La nature décentralisée de la sélection des candidats au Canada rend toutefois difficile le déploiement d’efforts coordonnés pour faire élire plus de femmes. Heather MacIvor, ancienne professeure de sciences politiques à l’Université de Windsor, a noté que le SMU a produit un contrôle local et traditionnel fort et farouchement gardé par le parti sur la sélection des candidats. Pourtant, selon le Centre Samara pour la démocratie, même dans les cas où le bureau central du parti nomme des candidats, les personnes nommées sont souvent des hommes 16 .

Les quotas hommes-femmes, qui peuvent aider à surmonter certains des obstacles systémiques à l’élection d’un plus grand nombre de femmes, sont utilisés dans plus de 100 démocraties, mais pas au Canada – du moins pas au sens juridique du terme. Qu’il s’agisse d’exiger que les femmes remplacent des députés ou d’exiger qu’il y ait au moins une femme candidate avant la conclusion d’une investiture, il existe de nombreuses options que les partis politiques (qui sont ceux qui ont véritablement le pouvoir de changer le choses) peuvent utiliser pour faire élire davantage de femmes, mais les efforts déployés jusqu’à présent sont insuffisants si l’objectif est d’établir la parité. On constate en effet que les candidats reçoivent plus de fonds des partis que les candidates, peut-être parce que le SMU incite les partis à se concentrer sur les circonscriptions susceptibles d’être remportées, où les femmes sont peu susceptibles de se présenter 17 . Il arrive également que les grands partis protègent la candidature des députés en fonction (qui sont généralement des hommes blancs), ce qui est également contre-productif en termes d’augmentation de la représentation des femmes 18 .

Si une Canadienne souhaite entrer en politique au pays, qu’en est-il de l’obstacle que représente le fait de savoir ce qui l’attend si elle est mise en candidature ou élue? L’intérêt des médias canadiens pour le style de leadership, l’apparence personnelle et la vie personnelle pourrait certainement en décourager plus d’une 19 . Par exemple, en examinant la course à la direction du Parti conservateur du Canada en 2004, Linda Trimble, professeure de sciences politiques à l’Université de l’Alberta, a constaté qu’environ le tiers des articles de presse connexes mentionnait l’apparence physique de la candidate Belinda Stronach, tandis que seulement deux pour cent mentionnaient celle du candidat Stephen Harper. En outre, la vie familiale des femmes est analysée dans une plus large mesure que celle des hommes et, au moins en partie en raison de la couverture médiatique, on a constaté que les femmes se censurent en ce qui a trait à leur discours, à leur tenue vestimentaire, à leur comportement et même à leur participation à des événements publics afin de décourager les journalistes de se concentrer sur le fait qu’elles sont des femmes 20 . Mme Trimble note que les femmes sont également confrontées à un double standard en ce qui concerne les enfants : les femmes qui ont des enfants se font interroger sur leur capacité à exercer leurs fonctions de dirigeante et de mère de famille à la fois et celles qui n’en ont pas sont considérées comme suspectes parce qu’elles ne peuvent pas ou ne veulent pas accomplir leur présumée destinée biologique 21 . L’ancienne première ministre Kim Campbell, par exemple, a été qualifiée d’instable et de peu fiable parce qu’elle s’était divorcé deux fois et qu’elle n’avait pas enfant.

Brenda O’Neill, professeure agrégée de sciences politiques à l’Université de Calgary, a constaté que les femmes s’intéressent peu à la politique lorsque l’atmosphère est hostile et antagoniste, deux caractéristiques de la politique canadienne. À titre d’exemple, le Centre Samara a cité des députés en fonction et d’anciens députés qui ont comparé la période des questions à « des enfants dans un bac à sable » [traduction] et l’ont qualifiée d’« extrêmement embarrassante 22  » [traduction], compte tenu de la tendance aux disputes et aux insultes, et un ancien député a même déclaré que la Chambre des communes carbure à « l’alcool, à la caféine, à la testostérone et à l’ego 23  » [traduction]. Il n’est pas non plus surprenant que la toxicité des assemblées législatives se propage jusque dans les médias sociaux, et les politiciennes sont les personnes les plus touchées par les attaques. Par exemple, il a été rapporté que Cathy Bennett, ancienne ministre des Finances de Terre-Neuve-et-Labrador, a démissionné après que des courriels et des communications dans les médias sociaux lui ont suggéré, entre autres suggestions négatives, de se suicider 24 . De plus, Rachel Notley, ancienne première ministre de l’Alberta, s’est « mérité » le titre de première ministre albertaine la plus menacée de tous les temps, et de loin, et l’ancien ministre fédéral conservateur Gerry Ritz a été contraint de s’excuser en 2017 lorsqu’il a qualifié Catherine McKenna, ministre de l’Environnement de l’époque, de « Barbie du climat » dans Twitter 25 , mais de nombreux hommes ont continué d’utiliser ce surnom dans Twitter par la suite. En 2019, le commissaire électoral du Canada a fait valoir que le harcèlement en ligne des personnalités politiques, outre le fait qu’il porte atteinte à la capacité des citoyens à participer au processus électoral, peut également empêcher certains d’entre eux (notamment les femmes et les personnes de couleur de manière disproportionnée) d’avoir une possibilité équitable d’informer les électeurs de leur plateforme politique. Ainsi, le traitement déplorable que subissent de nombreuses politiciennes peut dissuader les femmes de faire le saut en politique.

Bien que le climat toxique en politique soit une réalité depuis des décennies, et qu’il ne se limite guère aux pays qui utilisent le SMU, le SMU est considéré comme favorisant ce type de comportement. Étant donné qu’une différence de quelques points de pourcentage dans les sondages peut permettre à un parti de l’opposition de former un gouvernement majoritaire, il y a une incitation à passer à l’attaque, et les réalités du SMU découragent la collaboration entre les partis. Dans un contexte où les gouvernements de coalition sont la norme dans de nombreuses démocraties, le Canada n’a jamais eu de gouvernement de coalition à l’échelle nationale 26 . En l’absence de coalition, les gouvernements minoritaires sont fragiles, et les « élections surprises » sont défavorables aux femmes, car nombre d’entre elles doivent réfléchir soigneusement à l’incidence de leur entrée en politique sur leur emploi et leur famille 27 . La recherche suggère que les femmes ont tendance à préférer les environnements politiques collégiaux et collaboratifs, mais dans le cadre du SMU, en particulier dans les cas de gouvernement minoritaire, la menace constante du déclenchement d’une élection amène les partis à s’engager dans une « campagne permanente », en demeurant toujours en mode électoraliste et en attaquant leurs adversaires. Même en présence d’un gouvernement majoritaire, il y a beaucoup de toxicité, dans la mesure où les gouvernements ne sont pas incités à collaborer (même s’ils n’ont presque jamais remporté la majorité des voix des Canadiens), et où ils peuvent contrôler le programme législatif, imposer l’attribution de temps pour limiter les débats et se livrer à des jeux avec les commissions parlementaires, toutes des approches qui ne sont pas favorables à des discours constructifs.

Même si une femme au Canada est consciente de tout ce qui précède et qu’elle souhaite encore entrer dans l’arène politique, seratelle sélectionnée comme candidate? Lors des élections fédérales canadiennes de 2015 et de 2019, par exemple, les hommes blancs constituaient à eux seuls la majorité des candidats (dont 65 % des députés), alors qu’ils ne représentaient que 36 % de la population canadienne 28 . Le SMU, qui suppose le choix d’un seul candidat par parti et par circonscription, incite fortement les associations de circonscription locales à choisir un « candidat qui peut gagner », et cela tend à être un homme 29 . Une étude menée par William Cross, professeur de sciences politiques à l’Université Carleton, a révélé que lorsqu’il y a une ouverture dans une circonscription (c.àd. qu’il n’y a pas de titulaire) et qu’une femme se présente comme candidate, sa candidature est beaucoup plus susceptible d’être contestée que celle d’un homme 30 . En raison de ses réseaux moins nombreux, de ses ressources financières moins importantes et des obstacles socioéconomiques plus importants avec lesquels elle doit composer, une femme a généralement moins de chances d’être la candidate confiante, très connue et disposant de nombreux contacts que préfèrerait une association de circonscription. Pendant la période 2004-2015, par exemple, le Centre Samara a constaté que les femmes ne représentaient que 28 % des candidats à l’investiture en politique fédérale canadienne 31 . Le problème n’est pas que les femmes ne peuvent pas remporter une investiture ou que les électeurs ne votent pas pour les femmes : le défi consiste à créer les conditions qui permettent à davantage de femmes de se présenter en premier lieu, et à s’attaquer aux énormes obstacles systémiques qui persistent.

Sylvia Bashevkin, professeure de sciences politiques à l’Université de Toronto, a fait remarquer que la représentation élevée des femmes dans les assemblées législatives est associée « à la faiblesse des conflits politiques, à la grande importance accordée à la recherche collective d’un consensus et à des normes de respect interpersonnel élevées » [traduction] ainsi qu’à « des débats raisonnables et collégiaux, peu conflictuels et peu antagonistes 32  » [traduction]. Si un changement de système électoral permettait d’accroître la collaboration et d’établir des ponts, l’environnement de la Chambre des communes serait probablement plus attrayant pour les femmes.

Les nombreux facteurs décrits précédemment ne constituent que quelques-unes des raisons qui expliquent pourquoi les femmes sont peu représentées dans le bassin figuratif des candidats potentiels aux élections canadiennes. En tête de ces préoccupations vient en général le SMU, qui est régulièrement cité comme l’une des principales causes de la sous-représentation des femmes dans la politique canadienne. En utilisant les données de l’Institut international pour la démocratie et l’assistance électorale pour les 25 principaux pays en matière de représentation des femmes dans les législatures nationales, parmi ceux considérés comme partiellement ou totalement libres par Freedom House, tous (à l’exception d’un seul, la Grenade) utilisent une forme de RP. Mme MacIvor a noté que, bien que les systèmes électoraux ne déterminent pas euxmêmes le niveau de députation des femmes, les systèmes disproportionnés comme le SMU imposent des « obstacles immenses » à la mise en candidature et à l’élection de candidates.

Les partis politiques canadiens peuvent mettre en évidence l’augmentation des mises en candidature de femmes ces dernières années, mais qu’en est-il lorsque ces femmes sont mises en candidature dans des circonscriptions impossibles à gagner? Par exemple, lors des élections fédérales canadiennes de 2011, 62 % des candidates se présentaient dans le fief d’un autre parti 33 . Le fait de voir d’autres femmes perdre constamment des élections n’encourage certainement pas les femmes qui envisagent de se présenter à une élection, et le fait que des femmes soient souvent mises en candidature dans des circonscriptions impossibles à gagner peut renforcer la perception erronée selon lesquelles les femmes sont en quelque sorte moins qualifiées que les hommes ou qu’elles sont faibles en politique.

La documentation actuelle décrit un grand nombre d’obstacles à l’égalité de la représentation des femmes et des hommes à la Chambre des communes du Canada. La question de savoir si une modification du système électoral permettrait de résoudre un grand nombre de ces problèmes mérite d’être étudiée. Je vais maintenant passer en revue les données probantes sur le système par scrutin préférentiel et le système électoral mixte proportionnel de l’Australie et de la NouvelleZélande, respectivement.

Constatations

Système par scrutin préférentiel  – Australie

Le système par scrutin préférentiel (SP) de l’Australie est en fait assez similaire au SMU, avec des circonscriptions uninominales et une tendance à l’élection de gouvernements majoritaires qui ne recueillent qu’une minorité des voix au pays. Ce système ajoute simplement un scrutin préférentiel dans le cadre duquel les citoyens classent leurs choix par ordre de préférence. Les députés sont élus dans le cadre d’un système par scrutin préférentiel : après le décompte des voix, si aucun candidat n’obtient la majorité, le candidat arrivé en dernière position est éliminé, et les voix qu’il a reçues sont recomptées en fonction du deuxième choix de ces électeurs, et ce jusqu’à ce qu’un candidat obtienne la majorité.

Le SP diffère du SMU en ce qu’il favorise, du moins en théorie, la collaboration et la civilité durant les campagnes électorales. En fait, l’une des principales raisons pour lesquelles l’Australie est passée du SMU au SP il y a plus de 100 ans était « pour favoriser et pour récompenser les accords de collaboration ou de coalition entre les partis 34  » [traduction]. En Australie, les partis de droite que sont le National Party et Liberal Party ont maintenu une coalition pendant des décennies, tant au sein du gouvernement qu’en dehors. Ce que l’on appelle le « vote stratégique » est moins problématique dans le cadre du SP, puisque les électeurs peuvent opter pour un petit parti ou pour un parti marginal comme premier choix, tout en sachant que leur deuxième choix ou le choix suivant pourrait éventuellement contribuer au vainqueur (alors que dans le cadre du SMU, ce bulletin de vote ne compterait finalement pour rien à l’élection d’un candidat). Un certain nombre de partis australiens ont en fait distribué des cartes sur la manière de voter à leurs partisans pour les aider à classer leurs votes 35 . Les partis ont avantage à négocier, à faire des compromis et à coopérer en vue de la victoire électorale, contrairement à la situation gagnant-perdant du SMU. En Australie, les petits partis qui auraient pu être exclus dans le cadre du SMU peuvent également produire un certain effet de levier grâce au système de SP en demandant à leurs partisans de ne pas voter pour le candidat d’un grand parti comme deuxième choix, à moins que ce candidat ou ce parti n’accepte de soutenir certains enjeux du petit parti 36 .

En théorie, l’incitation à courtiser les partisans des autres partis (pour le deuxième choix et pour les choix suivants sur le bulletin de vote) encourage la civilité puisque, par exemple, le candidat A qui diffuse une publicité négative contre le candidat B pourrait mettre ce dernier en colère, et ainsi amener ses partisans à classer le candidat A plus bas dans l’ordre de leur bulletin de vote. Des données probantes indiquent que cette situation se produit dans les élections australiennes, même si l’on constate que la publicité négative existe toujours 37 . Des recherches récentes menées aux ÉtatsUnis sur des municipalités qui sont passées du SMU au SP ont montré que les électeurs étaient généralement plus satisfaits du déroulement des élections, et qu’ils ont trouvé que le SP favorisait la civilité entre les candidats. Lorsqu’elles se présentent à une élection, les femmes sont en général moins susceptibles de recourir à la publicité négative elles-mêmes, et leur style conciliant peut éviter de s’aliéner les partisans d’autres candidats dans le cadre du SP, ce qui augmente leurs chances pour l’élection 38 .

Les politiciennes australiennes, à l’instar de leurs homologues canadiennes, ont déclaré préférer une politique plus amicale et fondée sur le consensus 39 . Malheureusement, les incitations du SP à faire preuve de davantage d’amabilité pendant la campagne électorale n’ont pas été appliquées à la Chambre basse australienne, appelée la Chambre des représentants. En Australie comme au Canada, les hommes ont tendance à être considérés comme « l’option la plus sûre » [traduction] lors des investitures (même si les femmes sont tout aussi éligibles), et les politiciennes déclarent faire l’objet d’attaques sexistes persistantes, ce qui n’arrive pas à leurs homologues masculins 40 . Par exemple, Julia Gillard, qui a été la première et la seule femme première ministre de l’Australie (2010-2013), a été régulièrement diabolisée parce qu’elle était célibataire et sans enfant pendant son mandat, et le débat politique sur la taxe carbone controversée qui a été instaurée sous son administration (entre autres) a souvent dégénéré en vitriol sexiste. Un sénateur libéral a critiqué ses capacités de leadership parce qu’elle était « délibérément stérile 41  » [traduction]. En 2012, en partie à la suite de remarques sexistes désobligeantes répétées de la part du leader de l’opposition de l’époque, Tony Abbott, Mme Gillard a prononcé un discours contenant des appels passionnés pour moins de sexisme au Parlement. En réponse, ses adversaires et les observateurs des médias l’ont accusée d’hystérie, de « jouer la carte du genre » [traduction] et de tenir des propos fondés sur l’émotion plutôt que sur la raison 42 . Des enquêtes ultérieures ont révélé que la façon dont Mme Gillard a été traitée après ce discours, y compris le sexisme qu’elle a subi en général, a conduit la plupart des femmes australiennes ayant des aspirations politiques à remettre en question ces ambitions 43 . L’Australie, à l’image du Canada, est également le théâtre d’une couverture médiatique sexospécifique des politiciens, et de fréquentes attaques sexospécifiques dans les médias sociaux.

Les Australiennes sont également confrontées à des obstacles socioéconomiques similaires à leur entrée en politique, et on observe une disparité salariale entre les hommes et les femmes, moins de possibilités de réseautage et des niveaux généralement faibles de conscience et d’ambition politiques 44 chez les femmes. De la même manière qu’au Canada, lorsque des femmes veulent se porter candidates à une élection en Australie, les partis sont responsables de l’investiture des candidats, et les membres des partis dans les localités contrôlent largement ce processus, dans le cadre duquel des hommes sont invariablement sélectionnés plus souvent que des femmes. En outre, les femmes sont plus susceptibles d’être désignées comme candidates dans des circonscriptions impossibles à gagner 45 . Les quotas hommes-femmes sont facultatifs, et parmi les principaux partis, seul le plus grand parti d’opposition, soit le Labour Party, un parti de gauche (qui a presque la parité dans son caucus), a imposé un objectif à l’interne en vue de l’investiture d’un plus grand nombre de femmes 46 . Bien que le Liberal Party au pouvoir se soit fixé comme objectif à l’interne d’avoir une proportion de 50 % de députées d’ici 2025, le pourcentage de femmes dans son caucus est en fait plus faible aujourd’hui qu’il y a 10 ans 47 . Dans l’ensemble, le pourcentage de femmes à la Chambre des représentants, qui est de 31 %, est à peine supérieur à celui que l’on observe au Canada, qui atteint 30 %, et le pourcentage de l’Australie n’a pas beaucoup changé au cours des vingt dernières années.

Système mixte proportionnel – Nouvelle-Zélande

Si le système mixte proportionnel (SMP) de la Nouvelle-Zélande conserve certains éléments clés du SMU, notamment les circonscriptions uninominales dont le représentant est élu lors d’un scrutin uninominal majoritaire à un tour, il assure la proportionnalité entre les votes recueillis en faveur des partis et leur représentation. Soixantecinq députés sont élus dans des circonscriptions, tandis que les titulaires de 48 autres « sièges généraux » sont élus au moyen de listes établies par les partis politiques, et 7 autres députés titulaires (circonscriptions) sont élus par des Māori (autochtones). Les citoyens reçoivent deux bulletins de vote  : un pour un parti et un pour un candidat. Le candidat qui l’emporte devient le député de la circonscription, mais si un parti obtient 40 % des votes, il doit détenir le plus près possible de 40 % des sièges à l’assemblée législative, et les députés de liste sont élus pour combler l’écart. La liste des partis est « fermée », ce qui signifie que ce sont les partis, et non les électeurs, qui déterminent la liste et l’ordre, bien que les Néo-Zélandais puissent évidemment adhérer aux partis politiques dans l’espoir d’influencer la liste des partis. Les listes fermées sont associées à une représentation plus élevée des femmes que les listes ouvertes, où les électeurs ont la possibilité de remanier l’ordre de la liste 48 .

Pour les élections de 1996, la Nouvelle-Zélande est passée du SMU au système mixte proportionnel, et l’un des arguments en faveur de ce changement était que le système permettrait d’améliorer la représentation des femmes 49 . En effet, après l’élection de 1996, la proportion de femmes élues a immédiatement augmenté de plus de la moitié. Le système mixte proportionnel aurait exercé une pression importante sur les partis néozélandais pour qu’ils placent les femmes à des postes qui peuvent être gagnés sur la liste de parti. Cela dit, même si la NouvelleZélande a été dirigée par une première ministre de 1997 à 2008, la croissance de la représentation des femmes a été lente, voire stagnante, dans les années qui ont immédiatement suivi l’élection de 1996. Elle est ensuite passée de 31 % à 38 % en 2017, puis à 48 % en 2020, où elle se situe aujourd’hui. L’élection de 2020 a également marqué la première fois que davantage de femmes parlementaires ont été élues dans les circonscriptions que sur les listes de partis 50 . Comme dans le cas du Canada et de l’Australie, les partis de centre-gauche en Nouvelle-Zélande ont une proportion plus élevée de femmes dans leurs caucus que les partis de droite. La présence d’une dirigeante populaire en la personne de l’actuelle première ministre Jacinda Ardern (qui a accouché pendant son mandat) a peut-être contribué à inciter davantage de femmes à envisager de se lancer en politique. S’il est peu probable qu’un système électoral puisse à lui seul combler la disparité salariale entre les hommes et les femmes, éliminer les stéréotypes sexistes et les rôles traditionnels des hommes et des femmes, ou écraser le patriarcat, le fait de voir des femmes fortes à des postes de direction peut être une source d’inspiration pour amener davantage de femmes en politique.

Il existe certainement du sexisme et une couverture médiatique sexospécifique en Nouvelle-Zélande, et l’absence de scrutin préférentiel lors de l’élection des députés signifie l’absence de cette incitation particulière à la civilité durant les campagnes locales, comme c’est le cas avec le SMU. La politique Néo-Zélandaise d’aujourd’hui est toutefois relativement collégiale, et Manon Tremblay, professeure à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa, note que la nature antagoniste du SMU a en fait été un facteur essentiel dans la décision des Néo-Zélandais de passer au système mixte proportionnel 51 . L’ancien député Néo-Zélandais Charles Chauvel estime que le système mixte proportionnel a « changé la façon dont la politique est menée et perçue en Nouvelle-Zélande » [traduction] dans le cadre d’une nouvelle ère de consensus sur les décisions politiques, puisque la représentation proportionnelle signifie que les partis doivent généralement travailler ensemble pour adopter une loi 52 . Le système s’est avéré très stable, et les gouvernements de coalition sont la norme. Depuis 1996, aucun gouvernement Néo-Zélandais n’a perdu la confiance de la Chambre des représentants, et tous les budgets ont été adoptés. En outre, la collaboration postélectorale au sein de la Chambre des représentants crée des conditions générales propices à l’entrée des femmes en politique.

Dans un système comme le SMU, les associations de circonscription sont incitées à choisir un candidat susceptible d’être élu, alors que dans un système de représentation proportionnelle avec des listes de parti, il serait défavorable pour un parti de présenter une liste composée uniquement de personnes présentant une seule caractéristique (par exemple, des hommes). Des données probantes montrent également que les Néo-Zélandais sont prêts et disposés à punir les partis qui excluent les femmes des postes susceptibles d’être gagnés 53 . Les partis sont donc obligés de rechercher et de mettre en candidature davantage de femmes, une incitation qui fait défaut au Canada et en Australie. L’ancien premier ministre de la Nouvelle-Zélande, Jim Bolger, qui a dirigé le National Party, un parti de droite, a déclaré que la caractéristique de la liste de parti du système mixte proportionnel a « tenu ses promesses » [traduction] pour les femmes 54 . Dans les systèmes proportionnels, les candidates ont tendance à être considérées comme des atouts et sont ajoutées délibérément aux listes de partis pour attirer les électrices. Les partis néozélandais sont tenus par la loi d’utiliser les « procédures démocratiques 55  » [traduction] pour établir les listes de partis, et ils doivent de facto s’assurer d’attirer un large public, alors que dans le SMU, le choix d’un candidat dans une circonscription crée une situation gagnant-perdant qui, par définition, a un effet d’exclusion.

Conclusion

Bien qu’il ne figure généralement pas en tête du programme public au Canada, le système électoral est sans doute l’élément central qui sous-tend la nature de notre démocratie étant donné son incidence sur les partis, sur la sélection des candidats, sur la représentation ainsi que sur la création et le rendement du gouvernement. Le présent article s’est penché sur la question de savoir si l’adoption du système par scrutin préférentiel ou du système mixte proportionnel au Canada pouvait augmenter la représentation des femmes. Les données probantes indiquent que l’adoption du système par scrutin préférentiel pourrait avoir une incidence positive minime, tandis que le système mixte proportionnel pourrait avoir une incidence positive majeure. Rien dans notre recherche n’indique que le système majoritaire uninominal  soit préférable aux autres solutions étudiées si l’objectif est de faire élire plus de femmes, notamment d’améliorer la civilité durant les campagnes et la collaboration à la Chambre des communes.

Les facteurs en jeu varient d’un pays à l’autre, mais les études montrent clairement que les systèmes de représentation proportionnelle comportent moins d’obstacles à l’obtention de résultats représentatifs que les systèmes à la majorité absolue, comme le système majoritaire uninominal , et il n’y a aucune raison de penser que le Canada fasse exception. Il est important de reconnaître que même sans réforme électorale, la représentation des femmes peut encore être améliorée à court terme grâce aux efforts des partis en vue de mettre en candidature davantage de candidates. Toutefois, la nature extrêmement décentralisée des investitures des partis au Canada rend ce changement difficile à réaliser, et les obstacles systémiques demeurent. Les conditions socioéconomiques et psychologiques qui entravent la participation des femmes à la politique canadienne ne disparaîtront pas non plus rapidement et dépassent largement la portée du système électoral en place. Bien qu’il ne s’agisse pas d’une panacée, une réforme électorale en vue de l’adoption du système mixte proportionnel pourrait ébranler la complaisance de la politique canadienne et peut-être instaurer une nouvelle ère de civilité et de collaboration, de lutte contre les barrières patriarcales et enracinées qui empêchent de nombreuses femmes d’entrer en politique et de pressions pour inciter les partis à recruter davantage de candidates.

Le système par scrutin préférentiel et le système mixte proportionnel sont tous deux des options éprouvées et réalistes que le Canada peut envisager dans sa recherche de moyens d’améliorer la participation et la représentation politiques des femmes. Des deux solutions examinées, le système mixte proportionnel est la solution la plus prometteuse en ce qui a trait à l’augmentation du nombre de femmes mises en candidature et élues à la Chambre des communes du Canada.

Notes

1 Norris, P. (2004). Electoral Engineering: Voting Rules and Political Behavior. New York, New York, Cambridge University Press.

2 Thomas, M. (2013). Barriers to women’s political participation in Canada, University of New Brunswick Law Journal, 64, p. 218-233.

3 Dans le cadre de cet article, les termes « femmes » et « féminines » seront utilisés de manière interchangeable pour désigner les personnes qui sont nées de sexe féminin et qui continuent à s’identifier comme telles. Cette recherche n’englobe pas la communauté transgenre.

4 https://www.ourcommons.ca/Content/Committee/421/ERRE/Reports/RP8655791/errerp03/errerp03-f.pdf

5 Voir par exemple Black, J. H. et L. Erickson (2000). Similarity, Compensation, or Difference? A Comparison of Female and Male Office-Seekers, Journal of Women Politics & Policy, 21 (4), p. 138.

6 O’Neill, B. (2015). Analyse du rôle sexuel dans la représentation politique au Canada, Revue parlementaire canadienne, 38 (2), p. 22-30.

7 Cheng, C. et M. Tavits (2011). Informal Influences in Selecting Female Political Candidates, Political Research Quarterly, 64 (2), p. 460-471.

8 https://globalnews.ca/news/3574060/gender-equality-in-canada-where-do-we-stand-today/

9 Thomas, 2013.

10 O’Neill, 2015.

11 Thomas, 2013.

12 Gauja, A. et J. McSwiney (2019). Do Australian parties represent?, Dans Heidar, K. et B. Wauters (dir.), Do Parties Still Represent?, p. 47-65. Londres, RoyaumeUni, Routledge.

13 Jalalzai, F. et M. L. Krook (2010). Beyond Hillary and Benazir: Women’s Political Leadership Worldwide, International Political Science Review, 31 (1), p. 521.

14 Tossutti, L. et J. Hilderman (2014). Representing Canadians: Is the 41st Parliament Still a Vertical Mosaic? Dans Gidengil, E. et H. Bastedo (dir.), Canadian Democracy from the Ground Up: Perceptions et performances, Vancouver, UBC Press, p. 178.

15 Dasko, D. (10 avril 2021). Political parties are setting up female candidates to fail, The Globe and Mail, p. O3.

16 https://www.samaracanada.com/docs/default-source/reports/les-chouchous-des-partis-par-le-centre-samara-pour-la-democratie.pdf

17 https://ici.radio-canada.ca/info/2019/elections-federales/femmes-hommes-probabilites-vote-egalite-chateaux-forts/index.html

18 https://www.hilltimes.com/2022/03/23/incumbent-conservative-mps-to-be-shielded-from-nomination-challenges-if-they-raise-15000-donate-3350-to-the-party-tory-sources-say/351039

19 Tossutti et Hilderman (2014).

20 Goodyear-Grant, E. (2009). Crafting a Public Image: Women MPs and the Dynamics of Media Coverage. Dans Bashevkin, S. (dir.), Opening Doors Wider: Women’s Political Engagement in Canada, Vancouver, UBC Press, p. 147-166.

21 https://policyoptions.irpp.org/fr/magazines/september-2018/media-undermine-women-political-leaders/

22 https://www.samaracanada.com/research/political-leadership/mp-exit-interviews/volume-i/it’s-my-party-report/lights-camera-question-period

23 https://www.samaracanada.com/docs/default-source/reports/la-realite-de-la-chambre-par-le-centre-samara-pour-la-democratie.pdf?sfvrsn=9e93062f_2

24 https://globalnews.ca/news/3122297/newfoundland-minister-speaks-out-about-vile-and-sexually-exploitative-comments/

25 https://www.ctvnews.ca/politics/mckenna-calls-out-outgoing-conservative-mp-for-sexist-climate-barbie-tweet-1.3597464

26 Pendant la Première Guerre mondiale, le premier ministre Robert Borden a attiré certains libéraux favorables à la conscription dans son gouvernement conservateur, mais il ne s’agissait pas d’une « coalition »; les libéraux demeuraient un parti distinct à la Chambre des communes.

27 Cross, W. P. et S. Pruysers (2019). The Local Determinants of Representation: Party Constituency Associations, Candidate Nomination and Gender, Revue canadienne de science politique, 52, p. 557-574.

28 https://ici.radio-canada.ca/info/2021/elections-federales/minorites-visibles-diversite-autochtones-racises-candidats-politique/

29 Janssen, C., S. Erzeel et K. Celis (2020). Intersectional candidate nomination: how district and party factors shape the inclusion of ethnic minority men and women in Brussels, Acta Politica, 56, p. 567-586.

30 Cross, W. (2016). The Importance of Local Party Activity in Understanding Canadian Politics: Winning from the Ground up in the 2015 Federal Election. Revue canadienne de science politique, 49:4, p. 601-620.

31 https://www.samaracanada.com/docs/default-source/reports/les-chouchous-des-partis-par-le-centre-samara-pour-la-democratie.pdf

32 Bashevkin, S. (2009). Women, Power, Politics: The Hidden Story of Canada’s Unfinished Democracy, Oxford, RoyaumeUni, Oxford University Press.

33 Thomas, M. et M. A. Bodet (2013). Sacrificial lambs, women candidates, and district competitiveness in Canada, Electoral Studies, 32, p. 153-166.

34 Reilly, B. (2009), Democracy in Divided Societies: Electoral Engineering for Conflict Management, Cambridge, RoyaumeUni, Cambridge University Press, p. 24.

35 Cross, W. (2017). Electoral System Reform: Implications for Internal Party Democracy. Dans Potter, A., D. Weinstock et P. J. Loewen (dir.), Should we change how we vote? Evaluating Canada’s electoral system, Montréal, McGill-Queen’s University Press, p. 67.

36 Richie, R. et S., Hill (1999). This Time let the Voters Decide: The Proportional Representation Movement in the United States. Dans Milner, H. (dir.), Making Every Vote Count: Reassessing Canada’s Electoral System, Peterborough, Ontario, Broadview Press, p. 179-188.

37 https://www.samaracanada.com/docs/default-source/reports/les-chouchous-des-partis-par-le-centre-samara-pour-la-democratie.pdf

38 John, S., H., Smith, et E., Zack (2018). The alternative vote: Do changes in single-member voting systems affect descriptive representation of women and minorities?, Electoral Studies, 54, p. 90-102.

39 https://www.abs.gov.au/ausstats/ABS@.nsf/94713ad445ff1425ca25682000192af2/3067a337a2f2c855ca2569de001fb2dc!OpenDocument

40 https://www.bbc.com/news/world-australia-48197145

41 Squires, N. (26 novembre 2007). An uneasy ascent; Deputy PM faces jibes about ex-lovers, choice of hairstyle, National Post, p. A3.

42 Voir par exemple Sorrentino, J., M., Augoustinos et A., Le Couteur (2019). “[It] does not explain everything … , nor does it explain nothing … it explains some things”: Australia’s first female Prime Minister and the dilemma of gender, Feminism & Psychology, 29 (1), p. 19-39.

43 https://www.adelaidenow.com.au/news/south-australia/more-women-turning-off-politics-after-julia-gillard-was-badly-treated/news-story/321177664cf100e0316704bad5c5f8a6

44 Voir par exemple https://www.kas.de/en/web/politikdialog-asien/single-title/-/content/women-policy-and-political-leadership-1

45 King, A. et A., Leigh (2010). Bias at the Ballot Box? Testing Whether Candidates’ Gender Affects Their Vote, Social Science Quarterly, 91 (2), p. 324-343.

46 https://www.abc.net.au/news/2019-05-01/vote-compass-election-women-quotas/11053956?nw=0&r=HtmlFragment

47 Ibid.

48 Rosen, J. (2013). The Effects of Political Institutions on Women’s Political Representation: A Comparative Analysis of 168 Countries from 1992 to 2010, Political Research Quarterly, 66 (2), p. 306-321.

49 Nagel, J. H. (1999). The Defects of its Virtues: New Zealand’s Experience with MMP. Dans Milner, H. (dir.), Making Every Vote Count: Reassessing Canada’s Electoral System, Peterborough, Ontario, Broadview Press, p. 157-169.

50 https://www.parliament.nz/en/get-involved/features/new-zealand-women-mps-continuing-to-break-barriers/

51 Tremblay, M. (2005). Women’s political representation: Does the electoral system matter?, Political Science, 57 (1), p. 59-75.

52 Chauvel, C. (2011). A Better Democracy, Thanks to MMP. Dans Morris, C., J. Boston et P. Butler (dir.), Reconstituting the Constitution, Heidelberg, Allemagne, SpringerVerlag, p. 200.

53 Curtin, J. (2008). Gendering Parliamentary Representation: A Mixed System Producing Mixed Results. Dans Tremblay, M. (dir,), Women and Legislative Representation: Electoral Systems, Political Parties, and Sex Quotas, New York, New York, Palgrave MacMillan, p. 191-202.

54 https://policyoptions.irpp.org/fr/magazines/votes-and-seats/new-zealand-adopts-pr-a-prime-ministers-view/

55 https://www.legislation.govt.nz/act/public/1993/0087/latest/whole.html#DLM307519

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