Nancy Hodges, une pionnière ayant ouvert la voie aux femmes en politique
Nancy Hodges, qui fut la première femme du Commonwealth à accéder à la présidence d’une assemblée législative, a grandement contribué à favoriser la représentation des femmes en politique. Cela dit, ce rôle ne représente qu’un chapitre de sa longue carrière politique et professionnelle, au cours de laquelle elle a défendu et appuyé sans relâche les droits des femmes
Natalie Beaton
La nomination de Sarah Annie « Nancy » Hodges à la présidence de l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique, en 1950, a marqué une étape décisive pour les femmes en politique puisque Mme Hodges est alors devenue la première femme du Commonwealth à occuper la présidence d’une assemblée. Que ce soit comme députée à l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique ou sénatrice au Sénat du Canada, Mme Hodges a été une pionnière de la représentation des femmes en politique et une ardente défenseure des droits des femmes.
Mme Hodges naît à Londres, au Royaume-Uni, en 1888. Elle étudie au King’s College de l’Université de Londres, puis immigre au Canada avec son mari en 1912. Ils s’installent ensemble à Victoria, en Colombie-Britannique, où Mme Hodges devient rédactrice en chef du Victoria Daily Times, où elle est responsable du contenu féminin; elle continuera d’occuper ce poste tout au long de sa carrière politique.
Mme Hodges fait son entrée en politique lorsqu’elle se présente aux élections générales provinciales de 1937 de l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique; elle est alors la première femme de la province à se porter candidate pour le Parti libéral. Même si elle ne réussit pas à se faire élire à ce moment, elle continue tout de même de défendre sans relâche les droits des femmes et de préconiser un rôle accru pour celles ci en politique. Au fil du temps, elle occupe divers postes, donc ceux de présidente de la Fédération nationale des femmes libérales du Canada, du Victoria’s Women’s Canadian Club et du Victoria Business and Professional Women’s Club.
Lors des élections générales provinciales de 1941, Mme Hodges est élue et devient la députée libérale de la ville de Victoria à l’Assemblée législative. Ces élections donnent lieu à un gouvernement minoritaire libéral et, allant à l’encontre de l’avis du premier ministre, T.D. Patullo, Mme Hodges appuie une coalition formée avec les députés du Parti conservateur. En réponse aux critiques du premier ministre au sujet des coalitions, elle déclare que la coalition ne fera disparaître aucun parti, sauf ceux qui sont déjà gangrenés. Au bout du compte, les coalitionnistes triomphent, et le député libéral John Hart devient premier ministre, demeurant au pouvoir jusqu’en 1947.
À titre de députée, poste qu’elle occupe jusqu’en 1953, Mme Hodges continue de défendre avec passion les droits des femmes. Elle s’oppose à la pratique consistant à licencier des femmes célibataires pour les remplacer par d’anciens combattants de la Seconde Guerre mondiale, et menace de faire campagne pour qu’on accorde une pension aux femmes dès l’âge de 40 ans si cette pratique se poursuit. Mme Hodges prône également l’admissibilité des femmes aux indemnités pour accident du travail et présente une motion à l’Assemblée législative pour protéger les droits de propriété des femmes mariées.
Elle est nommée Présidente de l’Assemblée législative en 1950 et occupe ce poste jusqu’à la dissolution du gouvernement des coalitionnistes, en 1952. On a dit de Mme Hodges qu’elle était une oratrice habile, dotée d’une voix retentissante et parfaite pour contenir les débordements des députés. À l’époque, Mme Hodges affirme que le seul inconvénient de la fonction de présidente est d’être réduite au silence, indiquant qu’elle ne pourrait participer à aucun débat et qu’elle aurait parfois sans doute du mal à se retenir de le faire.
Après avoir perdu son siège en 1953, Mme Hodges devient la première femme de la Colombie-Britannique à être nommée au Sénat du Canada. Dans une entrevue accordée au Vancouver Sun, Mme Hodges déclare que selon elle, cette nomination est un hommage aux femmes de la Colombie-Britannique plutôt qu’un honneur personnel. À titre de sénatrice, elle fait partie de comités mixtes novateurs du Sénat et de la Chambre des communes, qui étudient la peine de mort et les lois sur le divorce.
Mme Hodges demeure sénatrice jusqu’à sa retraite, en 1965, à l’âge de 76 ans. Elle s’installe alors à Victoria, en Colombie-Britannique. Elle décède en 1969. Le rôle de premier plan que Nancy Hodges a joué dans la lutte pour une représentation accrue des femmes en politique reste gravé dans nos mémoires, tout comme sa vivacité d’esprit et son éloquence comme oratrice.