Salutations, grands-pères!

Article 1 / 15 , Vol 43 No. 1 (Printemps)

Salutations, grands-pères!

Tous les jours en traversant le corridor principal de la Province House, en Nouvelle-Écosse, j’ai l’occasion de saluer mon arrière-arrière-grand-père, James McDonald, même si je ne l’ai jamais connu. En effet, on l’aperçoit à l’avant-plan d’une photographie composite commémorant l’installation du marquis de Lorne à titre de gouverneur général du Canada, en 1878; mon ancêtre était alors ministre fédéral de la Justice. Dans une autre pièce, on l’aperçoit en compagnie de mon arrière-arrière-grand-père, Samuel Leonard Shannon.

James McDonald est né en 1828 à Bridgeville, dans le comté de Pictou (Nouvelle-Écosse), au sein d’une famille modeste d’agriculteurs écossais. Il amorce sa carrière d’avocat en tant que stagiaire au cabinet très conservateur Martin Isaac Wilkins. Il devait tenir son mentor en haute estime puisqu’à l’époque, en plus de changer d’allégeance politique, il épouse la belle-fille de Wilkin. De plus, il fait fi des traditions écossaises en donnant le nom de son beau-père, plutôt que de son père, à son fils premier-né. James remporte les élections de 1863 pour le Parti libéral-conservateur, puis est nommé commissaire des chemins de fer dans le gouvernement de Charles Tupper. Il fait campagne pour la construction d’une voie ferrée entre Truro et Pictou; il finit par obtenir gain de cause, mais seulement après avoir été nommé secrétaire financier, ce qui lui permet d’octroyer les sommes nécessaires en 1864.

La relation entre James et son beau-père est probablement mise à rude épreuve au fil du temps en raison de leurs allégeances politiques respectives. Mon arrière-grand-père était favorable à la confédération, alors que Wilkins s’y opposait avec véhémence! Imaginez les conversations aux rassemblements familiaux! James brigue un siège aux élections fédérales dans la circonscription de Pictou en 1867, mais il est défait. Après un bref retour à la politique provinciale en tant que représentant du parti libéral-conservateur, en 1871, il démissionne pour se présenter de nouveau comme candidat aux élections fédérales de 1872, qu’il remporte.

John A. Macdonald, alors un éminent avocat à Halifax, lui demande de défendre le gouvernement dans le scandale du Pacifique et dit à propos de lui qu’il est « aussi vrai que le fer et, selon moi, le plus compétent à la Chambre des communes » [TRADUCTION]. Le scandale du Pacifique a raison du gouvernement et James perd les élections de 1874, mais il est réélu en 1878 et nommé ministre de la Justice. Il occupe ce poste jusqu’en 1881, année où il est nommé juge en chef de la cour suprême de Nouvelle-Écosse.

À la Province House, une photographie composite des députés de l’Assemblée législative de Nouvelle-Écosse de 1863 à 1867 garnit le mur du salon des députés. Le portrait de McDonald y figure tout en haut. Près de lui se trouve la photo de Samuel Leonard Shannon. Puisqu’un des fils de McDonald a épousé la fille de Shannon, j’ai donc le plaisir de saluer tous les jours deux de mes ancêtres, qui ont tous deux occupé des fonctions dans le cabinet de Charles Tupper.

Samuel Leonard Shannon est né à Halifax (Nouvelle-Écosse) en 1816 dans une famille d’éminents marchands. En 1859, il amorce sa carrière de politicien en tant que représentant de la division ouest du comté de Halifax.

Imaginez ma surprise lorsque j’ai découvert, dans le cadre de mes travaux sur l’histoire de notre bibliothèque, que Shannon avait été nommé, en 1862, membre du comité chargé de réglementer la nouvelle bibliothèque provinciale et d’en superviser la gestion. Cette bibliothèque est l’actuelle bibliothèque de l’Assemblée législative de Nouvelle-Écosse, pour laquelle je travaille depuis 17 ans et dont je suis actuellement le bibliothécaire; je perpétue ainsi une tradition familiale de service aux parlementaires, quoique dans un rôle non partisan.

David Shannon McDonald

Bibliothécaire

Assemblée législative de Nouvelle-Écosse

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