Une intrigue explosive : découverte de dynamite à l’ancien Parlement de l’Ontario

Article 9 / 10 , 45 No. 4 (Hiver)

Une intrigue explosive : découverte de dynamite à l’ancien Parlement de l’Ontario

La curiosité est parfois un vilain défaut, mais, cette fois, elle a sauvé l’ancien Parlement de l’Ontario. Dans cet article, l’auteur raconte comment un garçon curieux a découvert des preuves qui ont permis de déjouer l’un des plus graves complots terroristes de l’histoire de l’Ontario.

Lucas Fisher

En 1884, le fils d’un gardien de l’ancien parlement provincial, sur la rue Front à Toronto, a déjoué l’un des complots terroristes les plus éhontés et audacieux de l’histoire de l’Ontario. Cette tentative, dont vous n’avez probablement jamais entendu parler, comprend le dépôt de plusieurs bâtons de dynamite à l’intérieur et autour du bâtiment. Si ce n’était de la curiosité d’un jeune garçon qui se promenait sur le terrain, cette dynamite aurait pu raser le bâtiment du Parlement et coûter la vie à des parlementaires, des fonctionnaires et des passants innocents. Les enquêtes qui ont suivi ont permis de découvrir qu’une organisation, basée à New York, planifiait des attaques malveillantes semblables dans toute l’Amérique du Nord.

Le 30 avril 1884, Willie Kennedy, fils d’un gardien du bâtiment du Parlement provincial, se promenait dans l’enceinte du bâtiment lorsqu’il remarqua un colis dépassant d’une cavité dans l’un des murs. Curieux, le garçon inspecta le colis qui, a-t-il rapidement découvert, contenait deux bâtons de dynamite. Kennedy alerta alors son père et les lieux furent aussitôt fouillés de fond en comble. La recherche permit finalement de mettre la main sur deux autres bâtons, trouvés dans un endroit semblable dans la partie ouest du bâtiment. Un jardinier, John Simser, a quant à lui ramené ce que l’on pensait être une partie d’un détonateur. Il l’avait trouvé en tondant la pelouse.

Une fois que l’enceinte fût jugée exempte de tout danger, les autorités commencèrent leur enquête sur ce complot presque mortel. Les entretiens avec le personnel et les témoins potentiels permirent de déterminer que, compte tenu de l’affluence à l’endroit où elle a été découverte, la dynamite avait dû être cachée au plus tôt la nuit précédant sa découverte. Un examen plus approfondi révéla que la dynamite avait été préparée et était prête à exploser avant d’être visiblement abandonnée. Les experts confirmèrent par la suite que les colis contenaient plus que la quantité suffisante d’explosifs pour raser facilement une aile du bâtiment du Parlement, voire l’ensemble de la structure. L’aile ouest du bâtiment, où les bâtons de dynamite ont été trouvés, se trouvait près de l’escalier qui menait aux bureaux du président, ainsi que de la zone du bâtiment qui abritait les documents officiels du Parlement. Bien que cela n’ait pas été confirmé, ces deux endroits furent considérés comme des cibles potentielles de l’attaque.

Dans les jours et les semaines qui ont suivi la découverte, les enquêteurs reçurent des informations concernant des suspects potentiels et leurs motifs. On a d’abord pensé qu’il s’agissait de l’œuvre d’un seul individu, mais des rumeurs commencèrent à circuler sur l’existence d’un groupe qui finançait d’autres opérations similaires dans le pays. Le New York Times rapporta que trois hommes auraient été dépêchés depuis un mystérieux quartier général new-yorkais, avec une somme de 2 500 dollars, pour mener à bien leur complot terroriste. Bien que cela n’ait pas été confirmé, l’article affirmait que le journal avait reçu des informations de la part d’une personne qui connaissait bien le groupe. Cet article laissait également supposer que les trois hommes avaient inspecté minutieusement le bâtiment avant que la dynamite ne soit placée, et que des visites similaires avaient été effectuées pour examiner l’édifice Dominion à Ottawa. Le New York Times avait désigné le groupe terroriste sous le nom de « the Brotherhood » (la Fraternité) et avait indiqué qu’il comptait des membres dans toute l’Europe et l’Amérique du Nord qui s’opposaient activement à toute forme de gouvernement d’influence européenne.

Certains aspects de l’article du New York Times furent réfutés par la suite, mais d’autres semblèrent être corroborés lorsque des articles subséquents du Globe firent état de détails similaires et d’autres complots potentiels à Ottawa et dans la région du Niagara. Dans une série d’articles, le Globe rapporta que les enquêteurs avaient découvert que les barres métalliques de deux puits de ventilation du bâtiment avaient été coupées pour libérer de l’espace pour la dynamite. Les enquêteurs soupçonnaient que cela avait été fait dans les semaines ou les mois qui ont précédé la découverte. Cette constatation indiqua aux autorités que les auteurs avaient effectivement investi du temps pour préparer correctement l’attaque.

À la suite de cette découverte, les députés provinciaux et les fonctionnaires décrivirent un climat de désarroi général au sein du Parlement. Personne ne sut si la découverte des explosifs avait dissuadé les terroristes de mener à bien leur plan et personne ne savait avec certitude à quoi ressemblaient les suspects. Le 2 mai, aux petites heures du matin, les tensions s’accrurent. Un policier en fonction dans le bâtiment du Parlement tira un coup de feu sur trois hommes qui s’étaient introduits dans l’enceinte du bâtiment. Les trois hommes s’enfuirent, mais le coup de feu alerta toutes les personnes qui se trouvaient dans l’enceinte du bâtiment de leur présence. Le policier déclara que les hommes s’étaient faufilés dans le périmètre du bâtiment, cherchant manifestement à passer inaperçus.

Le coup de feu tiré aux petites heures du matin mit fin à une semaine excitante, bien qu’effrayante, pour les parlementaires provinciaux. Bien que la découverte stupéfiante ait permis de déjouer ce drame potentiel, ce complot aurait pu être à l’origine d’une journée sombre de l’histoire de l’Ontario. Cette histoire explosive aurait disparu de l’histoire si ce n’était de quelques articles de presse trouvés dans les archives de la bibliothèque de l’Assemblée législative.

Sources 

DYNAMITE! Startling Discovery Under Provincial Parliament Buildings, The Globe, 1er mai, 1884.

The Dynamite Plot: Further Details Regarding the Latest Outrage The Guards on Duty: A Suspicious Prowler Fired at on Wednesday Night, The Globe, 2 mai, 1884, p. 6.

The Dynamite Discovery, The Globe, 3 mai, 1884, p. 8.

The Dynamite Plot: The Contents of the Cartridge Analyzed by Mr. Shuttleworth It Proves to be Dualin – A More Powerful Explosive than Dynamite Itself, The Globe, 5 mai, 1884, p. 3.

Dynamite: The Recent Attempt on the Local Parliament Buildings, The Globe, 14 mai, 1884, p. 3.

The Dynamite Scare, The New York Times, 14 mai, 1884.

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