Mères en politique : du travail, c’est du travail
Dans notre pays, comme dans bien d’autres, le nombre croissant de femmes parlementaires a amené des chercheurs à étudier la question de la représentation des sexes au sein des milieux de travail du monde politique. Le milieu parlementaire répond-il aux besoins de ces femmes, et y a-t-il des obstacles à leur participation? Les auteurs de cet article examinent ces questions du point de vue de l’équilibre travail-famille et du rôle de parent. Les questions de conciliation entre vie professionnelle et vie personnelle intéressent tous les parlementaires, mais les parents ayant de jeunes enfants – et parmi eux les femmes, qui assument une plus grande part de cette responsabilité depuis toujours – ont des contraintes de temps particulières. Les auteures ont fait une recension des études récentes et en cours sur les femmes en politique et ont constaté que, si le soutien de l’État pour les familles de travailleurs est valorisé partout dans le monde, les institutions n’ont pas évolué au même rythme, non plus que les politiques qui faciliteraient le travail des femmes et des mères, et surtout leur carrière politique. Les auteures concluent que nous devons repenser la façon de faire de la politique pour veiller à ce que ce lieu de travail unique soit accessible aux gens de tous les horizons, à toutes les étapes de leur vie familiale.
Les mères en politique ont toujours attiré l’attention. Qu’on pense à Margaret Thatcher, qui a affirmé, après son premier discours, qu’elle ne pouvait pas assumer de plus grandes responsabilités avant que ses enfants aient grandi1, ou à l’intérêt suscité par la déclaration de Julia Gillard, lorsqu’elle a dit avoir pris la décision de ne pas avoir d’enfants2, la situation parentale des femmes en politique fait souvent les manchettes. Même si elle n’était pas elle-même une élue, Michelle Obama a vu son rôle de mère mis en cause lorsqu’on a commenté l’absence de Sasha Obama lors du discours d’adieu de son père, en janvier 2017. Sasha avait un examen le lendemain matin. Elle était restée à la maison pour étudier, et on a vu cela comme une preuve de l’intérêt que Michelle porte à son rôle de mère. Il y a eu une multitude de gazouillis comme celui-ci :
« Vous êtes tous là à demander où est Sasha! Comme s’il n’y avait pas d’école demain, et comme si Michelle n’était pas une maman noire! » [TRADUCTION]
Le rôle de première dame (ou de femme de premier ministre, pour prendre l’exemple de Sophie Grégoire) n’est pas le même que celui de secrétaire d’État ou de ministre de l’Environnement (dans le contexte canadien). Toutefois, dans le monde entier, on s’intéresse de la même manière à la compatibilité des rôles de mère et de politicienne. Anne Marie Slaughter, autrefois directrice de la planification des politiques au Département d’État, a quitté avec fracas ce poste très exigeant pour prendre plutôt un autre poste exigeant dans le milieu universitaire, disant que l’horaire de travail absolument inflexible de son ancien emploi ne lui permettait pas d’élever une famille3. Au Canada, la ministre de l’Environnement, Catherine McKenna, a fait des vagues quand elle a fait part de son intention d’éteindre son téléphone chaque soir afin de souper tranquille en famille4.
La question d’équilibre entre travail et responsabilités familiales n’est pas nouvelle. En fait, si l’on cherche « équilibre travail-famille » sur un fureteur, on obtient 10 millions de résultats. Il y a une bonne raison à cela. Selon Statistique Canada, la proportion de mères ayant un conjoint et qui travaillent à plein temps est d’environ 58 %. Chez les mères seules, ce nombre atteint 78 %5. Ces chiffres sont semblables à la moyenne établie récemment par l’OCDE, qui avoisine les 70 %6. En fait, les mères du monde entier travaillent, souvent autant à la maison qu’à l’extérieur, et c’est ainsi depuis très longtemps.
Le phénomène des mères occupant un poste politique dans une assemblée législative est plus récent. Actuellement, à l’échelle mondiale, il y a environ 23 % de femmes dans les parlements, en moyenne7. Nous ne savons pas dans quelles proportions ces femmes sont mères, mais nous pouvons présumer sans crainte de nous tromper qu’elles ne le sont pas toutes. Les femmes représentent une petite partie du monde des élus, mais leur nombre est quand même croissant, et il y a des mères parmi elles. Nous devons donc nous intéresser davantage au milieu de travail politique pour déterminer s’il répond aux besoins des employés (tant les mères que les pères), et s’il existe des obstacles (propres à un sexe en particulier) nuisant à la participation des parents. Le présent article fait valoir que, malgré certains progrès, il reste encore un énorme travail à faire pour que le monde des politiciens élus a) permette aux parents d’avoir une vie équilibrée; b) ne comporte pas d’autres obstacles à la participation de certains segments de la population, dont les mères.
Des accommodements pour les parents – Les exigences du travail politique
Des recherches récentes8 donnent à penser qu’il est difficile de conjuguer les tâches de parent et de politicien, surtout pour les femmes. Les règles et normes appliquées dans les assemblées législatives entraînent souvent des difficultés plus grandes que celles qu’on associe généralement aux emplois « normaux ».
Barbara Arneil9 évalue les règlements des assemblées législatives dans trois pays (Canada, Grande-Bretagne et Australie), et constate qu’il existe un certain nombre de facteurs rendant le travail de parlementaire particulièrement difficile pour les mères ayant de très jeunes enfants. Elle signale les choix déchirants que doivent faire les mères politiciennes que les autres mères qui travaillent n’ont jamais à faire, au Canada. Par exemple, étant élues pour seulement quelques années à la fois, les législatrices hésitent à prendre un congé de maternité comme elles le feraient si elles travaillaient dans un autre secteur. Leur réélection (si désirée) dépend en partie de leur rendement à ce poste. Il est donc difficile de prendre une année (ou même quelques mois) de congé pour s’occuper d’un enfant en bas âge. La controverse qu’a suscitée Catherine McKenna en annonçant qu’elle éteindrait son téléphone quelques heures chaque soir nous révèle une chose : que les Canadiens s’attendent à ce que les politiciens soient toujours en service et toujours disponibles. On n’en attend certainement pas autant des gens qui occupent un emploi dit « normal ». Ces attentes sont certainement difficiles pour les pères également, et même pour les gens qui n’ont pas d’enfants, mais les nouvelles mamans doivent composer avec une série de difficultés particulières. C’est vrai aussi pour les mères d’enfants d’âge préscolaire (qui exigent beaucoup de temps que des enfants qui vont à l’école).
Arneil souligne – outre les pressions exercées sur les femmes qui veulent être réélues – les difficultés que peuvent connaître les mères qui nourrissent leur enfant au sein et qui siègent dans une assemblée législative. Ces assemblées ont un code rigide et des rituels ainsi que des horaires impossibles à modifier. Les représentants élus ont souvent peu de contrôle de leur horaire quotidien et doivent répondre rapidement aux appels au vote imprévus. C’est très différent de ce qui se passe dans un lieu de travail plus courant et convivial. Arneil constate que certaines assemblées législatives ont des règles archaïques qui interdisent la présence de bébés dans l’enceinte de l’assemblée, définissant ces bébés comme des « étrangers » parce que ce ne sont pas des représentants élus ou nommés. Si cette explication ne suffit pas, on sort d’autres arguments interdisant de nourrir l’enfant au sein ou au biberon, parfois parce que les collations sont interdites pour tous dans l’enceinte. Cela s’est produit récemment dans quelques assemblées législatives au Canada : en Alberta, deux députées provinciales enceintes ont découvert que ni la grossesse ni la naissance d’un enfant ne figurait sur la liste des motifs d’absence approuvés. Cette omission est en partie attribuable au fait que personne n’avait encore envisagé cette possibilité avant 201610. On peut en rire, mais ce sont là de véritables empêchements, pour les parents de jeunes enfants qui songent à s’engager dans une carrière politique, ce qui est pourtant leur droit le plus strict, sur les plans démocratique et constitutionnel. Si l’on veut vraiment élargir le bassin des parlementaires, il est primordial d’apporter des changements à ces institutions pour qu’il soit possible de composer avec des responsabilités parentales quand on occupe un poste de législateur.
Rosie Campbell et Sarah Childs11 formulent des arguments semblables dans le contexte du Royaume-Uni, disant que les institutions politiques semblent interdire toute forme de soins à autrui, en général. Les exigences de l’emploi sont telles que toute tentative de combiner responsabilités législatives et responsabilités familiales est particulièrement difficile pour les femmes. Les responsabilités familiales supposent le soin des enfants, mais aussi, de plus en plus, le soin des aînés, ou de tout proche qui est malade, quel que soit son âge. Ce sont les femmes qui s’occupent de la plus grande partie de ces soins, et il devient très compliqué pour elles de s’acquitter de ces tâches si elles sont politiciennes. Les auteures font plusieurs propositions intéressantes, dont le partage du travail entre parlementaires (par exemple deux députés à temps partiel pourraient s’occuper d’une circonscription), ce qui permettrait à des représentants élus de remplir leurs fonctions tant parentales que parlementaires. Un élément de leur argumentation est particulièrement intéressant : l’adoption d’un code d’éthique prévoyant qu’un parlementaire doit pouvoir s’occuper de ses proches profiterait à tous les parents – femmes et hommes, car ceux-ci assument de plus en plus de responsabilités de cet ordre dans nos sociétés. Cela pourrait donc accroître grandement la participation de différents segments de la population au processus de représentation politique.
Les parents en campagne
La nature du travail politique n’est pas difficile seulement pour les mères. Les candidats et les représentants élus doivent non seulement se plier aux exigences de leur poste, mais ils doivent aussi faire des choix importants quant à leurs interventions stratégiques, leurs communications et leurs interactions avec les électeurs et les médias. Arneil12 soulève ces questions en relation avec l’allaitement. Selon elle, les femmes doivent déjà se battre pour pouvoir allaiter plus facilement. Les pressions exercées sur les parents sont cependant encore bien plus grandes, et les choix qu’ils doivent faire, plus nombreux.
Melanee Thomas et Lisa Lambert13 ont évalué les communications des députés au cours de la 41e législature pour voir s’il y avait des différences dans la façon dont les députés présentent leur famille ou parlent de leur condition de parent avec leurs électeurs, en ligne ou dans les envois postaux. En analysant leurs communiqués officiels, Mmes Thomas et Lambert constatent que les députés de sexe masculin sont plus nombreux à avoir des enfants et plus enclins à faire valoir leur vie familiale auprès de leurs électeurs, par rapport à leurs collègues de sexe féminin. En outre, les entrevues menées par les auteures auprès de parlementaires laissent supposer que certaines députées évitent sciemment de parler de leur vie de mère au cours des campagnes électorales et dans leurs communications avec les électeurs, craignant pour la sécurité de leurs enfants. On constate de plus en plus que, dans les médias sociaux, les politiciennes risquent davantage d’être victimes de menaces personnelles que leurs pairs masculins, et bon nombre de mères craignent pour leur propre sécurité et celle de leurs enfants.
À Terre-Neuve-et-Labrador, la députée provinciale et ex-ministre des Finances Cathy Bennett a publiquement admis qu’elle était grandement victime d’intimidation, de harcèlement et de menaces en ligne. Cela illustre bien les craintes et préoccupations dont nous parlons ici14. Il ne faut pas croire pour autant que l’intimidation et le harcèlement n’existent pas à l’endroit des hommes et des pères, mais les politiciennes sont davantage ciblées. Aucun des hommes (tant parmi les députés qu’au sein de leur personnel) interviewés par Mmes Thomas et Lambert n’ont dit que la sécurité était un facteur d’inquiétude quand ils devaient décider de présenter ou non leur famille, et surtout leurs enfants, au public. Les questions de sécurité et les choix qui s’imposent en conséquence pour les mères en politique sont un facteur qui a peut-être été ignoré par le passé, mais qui pourrait représenter une préoccupation croissante à l’avenir.
Les politiciens ont assez peu de contrôle sur l’information qui est diffusée dans la population. C’est particulièrement vrai si l’on pense au rôle des médias dans la couverture des campagnes électorales. Les journalistes font leur part d’analyse des personnalités publiques féminines et aiment les présenter dans leur rôle de mère. Des recherches antérieures montrent que les articles médiatiques sur la vie des politiciennes hors du travail peuvent mettre l’accent uniquement sur leurs enfants15, mais aussi sur leur situation maritale et leur vie sexuelle16. Des travaux récents17 de Melissa Miller portant sur la couverture médiatique de la campagne d’Hillary Clinton et de Sarah Palin lors des primaires de 2008 aux États-Unis mènent à la conclusion que l’habitude de présenter les femmes et les mères de façon stéréotypée serait en déclin dans les médias. Ces travaux permettent aussi de penser que les électeurs perçoivent les figures féminines, comme les mères, de façon positive – ce qui donne plus de valeur à l’argument voulant que les femmes en politique adoptent des comportements avisés et stratégiques et fassent des choix sensés quant à la façon de se présenter au public. Il y aurait donc des avantages à mettre en lumière ou à occulter cette information personnelle selon le contexte. Les recherches dans le domaine montrent que le sexe d’une personne et le fait qu’elle ait ou non des enfants influent sur le type de campagne qu’elle fera en vue d’une élection. Tout en gardant cela à l’esprit, il reste de bonnes raisons de croire que les craintes relatives à la sécurité, l’impression d’être davantage victime de trolls et le risque d’être l’objet d’une couverture médiatique injuste pourraient dissuader des femmes (et des mères) de s’engager en politique.
Le rôle de parent, l’attitude en politique et la participation
Les données montrent que le fait d’être parent influe sur la carrière politique et les choix des politiciens, et il est particulièrement manifeste qu’être parent modifie les attitudes individuelles et la participation à la vie politique au sein de la population. Il s’agit là d’un domaine de recherche qui a reçu moins d’attention dans les écrits savants, jusqu’à maintenant. Concernant les attitudes et les préférences, on a tendance à mettre l’accent sur les différences entre femmes et hommes, ou sur le fossé entre les sexes, plutôt que sur les différences entre parents et nonparents, ou entre mères et pères. Même s’il y a peu d’études sur la question, il y a tout lieu de croire que le fait d’être parent est une expérience enrichissante ayant une grande influence sur les attitudes et les gestes de M. et Mme Tout-le-Monde.
Des travaux récents de Goodyear-Grant et Bittner18 donnent à penser que les parents sont probablement plus conservateurs sur les enjeux liés à la culture, à la criminalité et à la sécurité. Ces mêmes auteures constatent très peu de différences constantes entre les mères et les pères. Malgré leurs ressemblances, on remarque toutefois qu’il y a invariablement des différences entre parents et non-parents. Mmes O’Neill et Gidengil19 examinent la participation des femmes à la vie politique et évaluent les différences entre parents et non-parents. Leurs résultats montrent que, sauf dans les familles monoparentales, la simple présence d’enfants au foyer ne suffit pas à faire diminuer certaines formes de participation des femmes à la vie politique. Cependant, l’âge des enfants est important : les femmes ayant des enfants de 5 à 12 ans participent davantage que les autres femmes à certaines activités. Il semble que le fait d’avoir des enfants à l’école accroît, en réalité, la probabilité que les femmes fassent du travail bénévole ou signent des pétitions. C’est une découverte importante qui fait contrepoids aux conclusions selon lesquelles le fait d’avoir des enfants peut réduire le désir des mères de se présenter en politique.
Bien sûr, l’activisme politique ne prend pas seulement la forme de pétitions et de travail bénévole. Dans un projet de recherche, Mmes Micheletti and Stolle20 examinent l’effet de mobilisation des enfants sur leurs parents dans le contexte des questions politiques liées à la consommation. Elles constatent que les parents d’enfants plus âgés sont davantage conscients des questions de protection de l’environnement en ce qui a trait à la production d’aliments et de jouets. Précisons que les mères s’en préoccupent plus que les pères. Dans l’ensemble, ces études font ressortir la relation complexe entre le sexe, le rôle de parent et l’engagement citoyen. Le fait d’être parent peut influencer et mobiliser les citoyens, mais ces effets ne sont pas constants dans tous les contextes et ne sont pas aussi marqués chez les pères que chez les mères. Il faudrait approfondir les recherches pour nuancer davantage les conclusions quant à l’influence qu’a le fait d’être parent sur le degré de politisation.
Conclusions : Le rôle du gouvernement? Des programmes de soutien des familles
Dans cet article, notre objectif était de décrire la situation actuelle chez les mères poursuivant une carrière politique ou tout simplement en tant qu’électrices et citoyennes engagées. Nous avons constaté que la politique est certainement structurée en fonction d’un modèle parental stéréotypé selon le sexe. Au départ, nous avions posé l’hypothèse que, même si certains progrès se remarquent quant aux possibilités pour les femmes et les mères de participer pleinement à la politique, il faut en faire davantage. Nous admettons que bon nombre des modèles existant aujourd’hui changeront dans les temps à venir, à mesure que les femmes et les mères prendront plus de place dans le monde politique. Cela peut entraîner une modification des normes et, par conséquent, des stratégies variant selon le sexe dont nous avons parlé plus haut. Nous espérons que le harcèlement en ligne dont les politiciennes sont victimes disparaîtra à mesure que le public s’habituera à voir de plus en plus de femmes haut placées en politique. Par ailleurs, les attentes des parents ont changé substantiellement au cours des dernières décennies. Les pères sont généralement beaucoup plus actifs au sein de la famille, tant pour les soins aux enfants que pour les travaux ménagers. Les parents sont davantage des partenaires égaux que par le passé21. Cela permet de supposer que les normes et les stéréotypes accolés aux rôles de père et de mère évoluent. On peut aussi en déduire que les pères pourraient éventuellement connaître à leur tour les difficultés auxquelles se butent actuellement les mères.
Ces schèmes soulèvent d’importantes questions au sujet des relations causales entre la politique, le sexe, la vie familiale et l’influence due au rôle de parent. Les changements auxquels nous assistons sont-ils provoqués par la présence plus grande des femmes dans les milieux politiques? Peut-on présumer que les femmes seraient les principaux vecteurs de changement des politiques et du monde politique par leur simple présence? Ou encore, les femmes s’impliquent-elles davantage en politique maintenant parce que les attitudes ont changé et qu’il est devenu plus acceptable socialement pour une mère de se présenter comme candidate à un poste électif? Nous soupçonnons que la vérité est entre les deux, mais nous croyons aussi que l’État et le gouvernement ont un rôle important à jouer pour faciliter la participation politique de tous les segments de la société, y compris des femmes, des mères et d’autres groupes qui sont généralement marginalisés comme, entre autres, les minorités racialisées, les minorités linguistiques et les immigrants.
Des études ont montré qu’il existe un lien entre le soutien de l’État aux politiques aidant les familles et la participation des femmes (et des mères) en politique. Nos recherches comparatives sur les politiques gouvernementales concernant les femmes et le travail montrent que la plupart des pays de l’OCDE semblent s’entendre sur la nécessité d’équilibrer le temps de travail rémunéré et le temps consacré à la famille, et que l’État a un rôle plus important à jouer pour faciliter l’équilibre entre travail et vie personnelle. Bien sûr, un certain nombre des modifications aux politiques et des innovations qui ont été adoptées quand les femmes ont obtenu le droit au suffrage correspondaient à des changements déjà en cours quant à la présence des femmes sur le marché du travail, et ont contribué à faciliter davantage leur présence. Par exemple, les congés parentaux – de maternité et de paternité –, ainsi que l’assouplissement des modalités de travail, les garderies réglementées ou subventionnées par l’État et les programmes d’éducation préscolaires sont autant de politiques ayant vu le jour au cours des dernières décennies. Elles sont plus ou moins accessibles selon les pays, mais toutes ces politiques sont conçues pour aider les parents à concilier leurs responsabilités publiques et privées.
Si le soutien de l’État pour les familles de travailleurs est valorisé partout dans le monde, les institutions n’ont pourtant pas évolué au même rythme, pas plus que les politiques qui faciliteraient le travail des femmes et des mères, et surtout leur carrière en politique. Nous croyons qu’il faut un débat sur le rôle des parents – et en particulier des mères – en politique. Voulons-nous que les parents soient en mesure de participer pleinement à la vie politique, comme ils en ont le droit? Si oui, nous devons être en mesure de combler les besoins des représentants élus dans les assemblées. Nous devons donc repenser la façon de faire de la politique pour veiller à ce que ce lieu de travail unique soit accessible aux gens de tous les horizons, à toutes les étapes de leur vie familiale.
Endnotes
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