Whipped: Party Discipline in Canada

Article 10 / 13 , Vol 43 No 4 (Hiver)

Whipped: Party Discipline in Canada

Whipped: Party Discipline in Canada par Alex Marland, UBC Press, Vancouver, 2020, 480 pages

Le dernier livre d’Alex Marland, Whipped: Party Discipline in Canada, jette un regard neuf sur le phénomène de la discipline de parti dans les parlements du Canada. Le livre se concentre principalement sur l’ère internet d’après 2000, et approfondit même la dynamique des événements récents, tels que l’affaire SNC-Lavalin de 2019 et les opérations partisanes dans le cadre de la crise de la COVID-19. C’est un nouvel ajout à l’étude de la politique canadienne, écrit sur un ton clair et accessible, mais truffé de détails minutieux et d’analyses pointues.

Après avoir mené des entrevues avec 131 personnes, dont des politiciens actuels et anciens, allant de simples députés à des ministres, des membres du personnel, des whips et des dirigeants, Marland a créé un échantillon large et diversifié à partir duquel il examine les tendances de la démocratie canadienne1. Comme il l’explique, bien que la discipline de parti soit une réalité quotidienne en politique, elle n’est pas souvent exposée au regard du public, car une grande partie des pratiques inhérentes se déroulent à huis clos : dans des réunions de caucus, dans des courriels cryptiques ou simplement sous la pression de décennies de tradition2. Malgré la nature prudente de ces institutions politiques, le professeur de sciences politiques de l’Université Memorial a réussi à se faire une idée précise des mécanismes de la partisanerie au Canada. Il souligne ses entrevues avec d’autres sources de première main, notamment les communications internes des partis. Marland reconnaît que la discipline de parti peut être un outil efficace et même essentiel dans les parlements de Westminster, car elle facilite le vote des législateurs surchargés, procure une base solide autour de laquelle construire la communication, crée une marque de parti pour attirer les électeurs et élabore une stratégie politique3. Dans l’ensemble, cependant, il soutient que la discipline de parti dans tous les partis étouffe l’indépendance des députés, y compris les ministres du Cabinet, qui sont donc incapables de représenter les intérêts de leurs électeurs avec précision et intégrité.

En prenant soin de s’adresser aux politiciens de toutes les tendances politiques, Marland souligne l’omniprésence de la discipline de parti. Bien qu’il approfondisse les pratiques de chaque parti chaque fois que cela est possible, les lecteurs familiers avec la dynamique de la politique canadienne peuvent être plus surpris par la similarité des partis à ce titre. Marland montre clairement comment tous les grands partis au Canada exercent une influence sur leurs caucus, en présentant la plupart des votes comme un jeu à somme nulle, souvent au détriment des intérêts des électeurs. Même si Marland conclut que la discipline de parti est une « nécessité problématique »4 dans la politique canadienne, il a également formulé une série de recommandations pour améliorer cette culture politique. Par exemple, il note que l’établissement de coalitions pour faire pression sur les députés de premier rang, la modification de la constitution des partis ou des règles de la Chambre qui définissent les limites de la discipline, ou la diffusion des réunions des caucus pour assurer la transparence sont autant de moyens qui pourraient réformer la culture partisane au Canada5.

Bien que Marland ait interviewé quelques politiciens provinciaux, notamment l’ancienne première ministre de l’Ontario Kathleen Wynne, son travail se concentre sur la discipline de parti au niveau fédéral. Bien que la Colline du Parlement fournisse une bonne partie de l’argumentation de Marland, une analyse des différents partis provinciaux, y compris ceux qui ne sont pas présents à Ottawa, aurait permis d’obtenir une image plus nette du sujet. Par exemple, depuis avril 2019, le Parti Vert, qui s’oppose officiellement aux votes partisans, forme l’opposition officielle à l’Île-du-Prince-Édouard. Étant donné la petite taille de cette législature (avec seulement ٢٧ sièges) et la composition unique du parti sur l’île, la dynamique de la discipline de parti sera probablement très différente de celle qui est en jeu sur la Colline du Parlement. De même, bien que Marland évoque brièvement les législatures territoriales non partisanes comme des exemples de législatures travaillant sans une forte discipline de parti6, il ne s’étend pas sur ces cas. Des entrevues auprès des parlementaires de ces juridictions auraient amplifié son argument selon lequel la discipline de parti est trop sévère et inutilement contraignante en politique fédérale.

La discipline de parti est une caractéristique de la politique canadienne depuis des décennies, et le livre de Marland donne une mise à jour essentielle de la littérature sur ce sujet à l’ère de la politique par Twitter. Le large éventail de ses interviewés et des sujets qu’ils abordent permet à l’auteur d’explorer l’incidence de la discipline de parti sur de nombreuses facettes de la politique canadienne, de la sélection des candidats aux nominations, en passant par le caucus, les communications, le vote et les services aux circonscriptions. Étant donné l’influence constante que cette pratique exerce sur les acteurs politiques de toutes tendances au Canada, il est essentiel pour quiconque cherche à mieux comprendre la politique canadienne de comprendre les répercussions de ce phénomène. Grâce à l’analyse approfondie d’une riche base de sources d’information fournies par des initiés, Marland a élaboré un guide pratique essentiel sur le paysage politique actuel du Canada.

Notes

1 Alex Marland, Whipped: Party Discipline in Canada (Vancouver: UBC Press, 2020), 31

2 Ibid, 29

3 Ibid, 155-56, 177, 203, 219,251

4 Ibid, 346

5 Ibid, 344

6 Ibid, 24, 176

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