Plan de continuité des activités du bureau de circonscription : des députés et des membres du personnel de l’Alberta racontent leur évacuation
Au cours de la dernière décennie, le pays des roses sauvages s’est périodiquement transformé en pays des feux de forêt, les feux incontrôlés ayant forcé des dizaines de milliers de personnes à évacuer les communautés entourant Fort McMurray et le parc national Jasper. Bien que les députés et le personnel des bureaux de circonscription ont dû partir en même temps que tout le monde, leurs services sont restés nécessaires en ces temps de crise – souvent davantage. Dans cet article, l’auteur explique comment le Bureau de l’Assemblée législative de l’Alberta a apporté son aide aux députés et à leur personnel lorsque des catastrophes naturelles ont perturbé les activités régulières, et raconte quelques anecdotes personnelles.
Rhonda Sorensen
En Alberta, le Bureau de l’Assemblée législative (BAL) est un bureau non partisan qui a pour mission de soutenir les députés dans leurs fonctions. En cas de catastrophe naturelle, le Bureau est une ressource sur laquelle les députés et les bureaux de circonscription peuvent s’appuyer. En prodiguant des conseils et en mettant à disposition des technologies permettant la communication lors de déplacements ou en installant des bureaux temporaires si nécessaire, le BAL s’engage à faire tout ce qui est en son pouvoir pour soutenir les députés et le personnel qui peuvent se retrouver soudainement au milieu d’une crise causée par des catastrophes naturelles.
Le BAL a mis en place une politique visant à apporter un soutien financier aux circonscriptions touchées par des catastrophes naturelles. Un financement d’urgence, pouvant aller jusqu’à 10 000 $, est disponible pour s’assurer que les régions touchées disposent des ressources nécessaires pour fournir le personnel adéquat dans leurs circonscriptions afin de répondre à l’augmentation du volume de demandes de renseignements de la part des électeurs. Les éléments principaux de cette politique comprennent le financement des coûts associés au personnel des bureaux de circonscription travaillant au-delà des heures normales de travail, ainsi que le financement d’un personnel supplémentaire rémunéré.
L’Alberta a été confrontée à plusieurs catastrophes naturelles au fil des ans et au cœur de tout plan de continuité des activités, il y aura toujours la sécurité et le soutien de notre personnel.
Le 3 mai 2016, 88 000 personnes ont été évacuées de Fort McMurray. Deux jeunes personnes ont perdu la vie dans un accident de voiture au cours de l’évacuation. L’une des victimes était la fille de l’un des 1 110 pompiers qui luttaient contre le feu qui a ravagé 589 995 hectares de terres. La même zone ferait l’objet d’une nouvelle évacuation partielle au cours de l’été 2024.
Le 22 juillet 2024, à près de 22 heures, un ordre d’évacuation a été reçu pour la municipalité de Jasper et le parc national de Jasper. Plus de 20 000 personnes ont quitté la région en toute sécurité alors qu’un feu de forêt dévastateur a détruit un tiers de la ville de Jasper, entraînant des pertes assurées de plus de 880 millions de dollars. Un an auparavant, de nombreuses autres régions de la circonscription de West Yellowhead ont dû être évacuées en raison des feux de forêt tout au long de la saison.
Derrière tous ces chiffres se cachent des récits très personnels – des récits de victoires et de tragédie, des récits marqués par le chaos, la confusion, la gentillesse et l’esprit de communauté. Certains de ces récits sont ceux des membres de l’Assemblée législative et de leur personnel de circonscription, qui se sont engagés à aider leurs électeurs à se remettre sur pied tout en faisant face à la réalité des conséquences causées par les catastrophes naturelles ayant touché leurs amis, leurs familles, leurs communautés et eux-mêmes.

Fort McMurray
Entourée par la forêt boréale, la ville de Fort McMurray fait partie de la municipalité régionale de Wood Buffalo, dans le nord-est de l’Alberta. La région est représentée par deux députés de l’Assemblée législative de l’Alberta : Brian Jean, ministre de l’Énergie et des Minéraux et député de Fort McMurry-Lac La Biche, et Tany Yao, whip adjoint du gouvernement et député de Fort McMurray-Wood Buffalo. Au moment des feux de 2016, les deux hommes n’avaient été élus qu’un an auparavant. Ils travaillaient dans le même bureau et étaient tous deux soutenus par l’adjoint de circonscription Vaughn Jessome, qui allait bientôt faire l’expérience d’une évacuation dans ce qu’il a décrit comme une « expérience unique au cours de laquelle l’inconnu est la partie la plus difficile ».
Avant d’être député, M. Yao a consacré 20 ans aux services d’intervention d’urgence, assumant diverses fonctions tout au long de sa carrière. En 2016, M. Jean était le chef de l’opposition officielle. Les deux députés étaient à Edmonton pour la session de printemps de l’Assemblée en 2016.

Le récit de Brian Jean
Lors de la période des questions orales du 3 mai 2016, M. Jean a débattu des récentes coupes budgétaires dans la gestion des feux de forêt en déclarant : « L’heure est grave. Nous ne sommes qu’en mai et nous ne pouvons pas nous contenter d’espérer un temps pluvieux pour nous aider. Nous devons prendre les bonnes décisions. » Avant la fin de la séance de l’après-midi, M. Jean a appris que sa propre maison était en feu à Fort McMurray.
Pour commencer à comprendre la profondeur de la perte et de la dévastation pour Brian Jean et sa famille, qui sont des piliers de la communauté de Fort McMurray depuis des générations, il est important de comprendre ce qui l’a motivé à se lancer dans la politique provinciale l’année précédant les feux de 2016.
En tant qu’avocat à Fort McMurray, M. Jean a été élu député au Parlement de 2004 à 2014. Après avoir démissionné de la Chambre des communes, il a été élu en Alberta à la tête du parti Wildrose en mars 2015.
La motivation de M. Jean pour se lancer dans la politique provinciale était son désir profond d’améliorer le système de santé en Alberta après avoir vu son fils de 24 ans, Michael, succomber à un cancer.
« Mon fils est décédé l’année précédente », se souvient M. Jean. « Cela fait remonter beaucoup de traumatismes, car je l’ai vu mourir pendant huit mois. Il avait 24 ans et est décédé dans le système de santé après avoir été mal diagnostiqué à trois reprises. »
« Vous pouvez imaginer à quel point il était difficile de poursuivre la course pour le poste de chef de parti pendant que cela se produisait », a-t-il déclaré.
M. Jean a toutefois persévéré et est devenu le chef du parti Wildrose. Le parti Wildrose formera l’opposition officielle après les élections provinciales du 5 mai 2015.
Un an plus tard, M. Jean recevra une nouvelle encore plus dévastatrice en apprenant que sa propre maison et tant de ses souvenirs qu’il avait de son fils ont été détruits.
Alors que lui et son collègue Tany Yao roulaient vers Fort McMurray le 3 mai 2016, il était en contact avec sa mère, ses frères, ses nièces et ses neveux. M. Jean, qui est le plus jeune d’une famille de ١١ enfants, a expliqué que sa mère était non seulement la matriarche de sa famille, mais aussi la matriarche de la communauté de Fort McMurray, et qu’elle ne voulait pas être évacuée. Ses frères ont pu s’assurer qu’elle sortait saine et sauve.

Lorsque M. Jean et M. Yao sont arrivés dans la communauté, ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour apporter leur aide. « Il s’agit en grande partie de faire preuve de bon sens et de faire ce qui doit être fait. Faire ce qu’il faut. »
M. Jean est convaincu que les citoyens ont besoin d’une plus grande souplesse pour se protéger et protéger leurs biens et qu’ils doivent élire leurs législateurs avec soin.
« Vous pouvez causer beaucoup de douleur si vous vous trompez avec les politiques », a déclaré M. Jean. « Suicides, stress mental : nous sommes toujours une communauté en grande souffrance. »
M. Jean a perdu sa mère peu de temps après les feux, ainsi qu’une sœur, mais, malgré toute cette douleur personnelle, il a continué à travailler dur par conviction personnelle.
« Je suis fatigué », dit M. Jean. « Je suis un être humain et je serai toujours du côté de mon client, et en ce moment, mon client, c’est la population de l’Alberta. »
Il pense que quelque chose se reproduira, mais il est convaincu que la réaction peut faire toute la différence.
Le récit de Tany Yao
En raison de son expérience en matière de gestion des urgences, Tany Yao a contacté les pompiers pour savoir ce qui se passait, car il avait entendu des scénarios catastrophes. Toutefois, à l’époque, on estimait que le feu se trouvait à bonne distance de la communauté.
« Ce n’est qu’un jour et quelques heures plus tard que Brian [M. Jean] a été informé que sa maison brûlait et qu’il a dit : “Allons-y”, et nous avons littéralement quitté le Parlement pendant une session », a déclaré M. Yao.
Il poursuit en décrivant que M. Jean et lui sont montés dans son véhicule. Ils se sont arrêtés à la maison de M. Yao à Edmonton parce que sa tenue de feu s’y trouvait et que ses premiers instincts étaient ceux d’un intervenant d’urgence.
« J’étais encore en train de tout assimiler, mais Brian [M. Jean] a pris conscience que nous devions acheter des sacs de couchage et des fournitures pour notre propre logement », a déclaré M. Yao. « Rien ne peut vous préparer à une évacuation massive et à voir votre propre communauté brûler, mais en même temps, pour moi, il y avait beaucoup de confusion parce qu’en tant qu’ancien premier intervenant, j’étais habitué à recevoir plus d’informations et à savoir exactement ce qui se passait. Il était difficile d’être en marge de tout cela. »
« J’étais prêt à aller donner un coup de main, mais Brian m’a fait reculer en me rappelant que ce n’était plus mon rôle. Brian était très compatissant avec tous les gens, car il avait perdu sa propre maison et j’étais extrêmement désolé pour lui, car il venait de perdre son fils et tout ce qui était associé à son fils a brûlé dans ce feu, alors vous pouvez imaginer son chagrin. »
Ils s’arrêtent dans un Canadian Tire à la sortie de la ville pour acheter du matériel de camping, de la nourriture et des provisions. Le trajet était très calme et M. Yao a décrit comme surréaliste le fait de voir tous les gens quitter la ville alors qu’ils roulaient vers la communauté. Il a indiqué que la route venait d’être élargie à quatre voies, mais qu’une partie ne l’avait pas été, ce qui créait une sorte de goulot d’étranglement et était désorientant.

« Le feu a vraiment effrayé beaucoup de gens, et lorsque nous avons dû à nouveau évacuer à l’été 2024, cela a confirmé cette idée et nui à la réputation de la communauté. »
Bien qu’il n’y ait peut-être pas grand-chose à faire pour se préparer complètement à une catastrophe naturelle, M. Yao estime qu’il est important de garder son sang-froid et de faire le tri entre les bonnes et les mauvaises informations pour diffuser des informations exactes afin d’aider les autres. Si les médias sociaux ont joué un rôle dans la diffusion d’informations erronées, ils ont également constitué un outil essentiel pour les députés. Ils ont pu empêcher la diffusion d’informations erronées et, en tant que sources de confiance au sein de la communauté, ils ont veillé à ce que des informations exactes soient mises à la disposition des gens.

Le récit de Vaughn Jessome
Alors que Brian Jean et Tany Yao se dirigeaient vers la communauté pour l’aider, leur assistant de circonscription, Vaughn Jessome, faisait partie des 88 000 personnes qui se rendaient vers un endroit sécuritaire.
« Ce qui compte, ce n’est pas tant ce que l’on entend sur ce qui se passe que ce que l’on voit », a déclaré M. Jessome.
Il a expliqué que le 3 mai, alors qu’il entrait dans un restaurant local pour le dîner, il a vu de la fumée au loin au-dessus des collines. Lorsqu’il est sorti, l’air était rempli de fumée et les personnes évacuées ne voyaient que des flammes rouges.
« J’ai d’abord roulé vers le nord, puis vers le sud », a expliqué M. Jessome. « Il a fallu huit heures pour faire l’équivalent de ce qui devrait prendre 50 minutes. »
Il a dit que, lorsqu’il est parti, il pensait que c’était pour quelques jours. Il s’est retrouvé à Westlock, puis à Edmonton.
« Dès le lundi, je travaillais dans le bâtiment de la législature à Edmonton et je recevais jusqu’à 300 appels par jour, communiquant avec des électeurs, des compagnies d’assurance et Alberta Works. Normalement, le volume d’appels représente environ 10 ٪ de ce chiffre. »
Il a expliqué que différents secteurs de la communauté pouvaient être réintégrés à différents moments, mais qu’il n’y avait pas de chambres d’hôtel, car elles étaient occupées par les pompiers.
« Il a fallu environ une semaine et demie pour que les gens reviennent, mais la fumée épaisse est restée pendant des semaines et était presque comestible. »
Selon M. Jessome, c’est après le retour des gens que le vrai travail a commencé. La SPCA de l’Alberta s’est rendue sur place pour sauver autant d’animaux que possible. Tous les résidents ont dû faire enlever et remplacer leur réfrigérateur. L’un des plus grands défis a peut-être été de naviguer entre les différents niveaux de couverture d’assurance et les entreprises de construction qui ont surgi du jour au lendemain et qui cherchaient à exploiter des gens.
« Nos constructeurs de maisons locaux ont été de véritables pôles d’attraction pour la communauté », a déclaré M. Jessome. « Certains de nos pompiers locaux ont écrit des livres. Leurs propres maisons étaient à risque de brûler alors qu’ils s’efforçaient de sauver celle de quelqu’un d’autre. »
M. Jessome a expliqué qu’après avoir entendu parler du feu dans le parc national Jasper à l’été 2024, il a immédiatement communiqué avec le député de West Yellowhead, Martin Long, et son bureau de circonscription.
Parc national Jasper et circonscription de West Yellowhead
Bordée par les montagnes Rocheuses, la circonscription de West Yellowhead est située dans le centre ouest de l’Alberta. Largement rurale, la circonscription comprend les communautés de Whitecourt, Hinton, Jasper, Grande Cache et Edson. Le bureau de la circonscription est situé à Edson.
Représentant la région depuis 2019, la candidature du député Martin Long à la réélection en 2023 a connu un tournant inattendu lorsque la ville d’Edson, y compris ses adjointes de circonscription Cynthia Matsson et Marsha Jensen, a dû être évacuée quelques jours seulement après l’émission du décret électoral.
Un an plus tard, la circonscription devait coordonner son action avec tous les niveaux de gouvernement alors que 32 500 hectares du parc national Jasper brûlaient, forçant des milliers de résidents, de travailleurs étrangers et de touristes à quitter la station balnéaire de montagne. Un tiers des infrastructures de la communauté ont été réduites en cendre.
Le récit de Martin Long
Si vous n’avez jamais vu les conséquences d’un feu, il est difficile de décrire autrement la situation que comme surréaliste. Le feu de 2024 dans le parc national Jasper n’était pas le premier que M. Long ait vu, mais les images qu’il décrit sont obsédantes.
« Je suis arrivé en voiture depuis l’est de la ville et, au début, on se dit “oh, ça a l’air normal”, puis on se dit “c’est remarquable”. Puis vous entrez dans un quartier résidentiel, et c’est comme si une bombe avait explosé, tout a été démoli. Puis vous voyez une clôture blanche en face de l’hôpital et vous vous demandez comment elle peut encore être là. Il ne reste que des morceaux de bois fumants et d’autres zones sont détruites complètement. Dans certains quartiers, une maison est encore là alors que tout ce qui l’entoure a été détruit. Pour le maire, sa maison a été la seule à avoir brûlé dans son quartier. »
M. Long a déclaré que c’est quand il était sur le toit de l’hôpital qu’il a été le plus marqué. « Nous sommes entrés dans l’hôpital par l’entrée arrière et tout autour de l’hôpital, sur le sol, il y avait d’énormes braises qui volaient dans toutes les directions. »
« Il y a eu un véritable feu sur le toit de l’hôpital cette nuit-là », a-t-il déclaré. « Heureusement, les pompiers ont donné la priorité à cette tâche, mais le fait de s’être trouvé sur ce toit m’a vraiment fait comprendre ce à quoi ces personnes étaient confrontées. »
M. Long a déclaré : « Si vous regardiez à gauche, vous voyiez la caserne de pompiers et, au bout de la rue, le bureau municipal et le centre de loisirs. Tout cela était intact. Quand vous tournez à droite, vous voyez un trou là où se trouvaient l’Église Unie et tout ce quartier qui est complètement démoli. »
S’il comprend les décisions prises pour sauver les infrastructures critiques, il est admiratif des pompiers qui en ont fait leur priorité, sachant que certains d’entre eux vivaient dans le quartier d’en face et auraient vu du coin de l’œil leur propre maison et leurs biens brûler.
M. Long et le personnel de sa circonscription ont fait preuve de beaucoup d’empathie à l’égard de ce que les habitants de Jasper ont vécu et de ce qu’ils continuent à endurer dans le cadre de leur rétablissement et de leur reconstruction. Au printemps précédent, ils ont eux aussi dû évacuer leurs communautés et comprennent très bien le sentiment d’impuissance.
L’année précédant le feu du parc national Jasper, le personnel de la circonscription de M. Long à Edson a été évacué à Hinton. Comme il se trouvait à Edson pour des réunions et en raison de la fermeture de l’autoroute vers Whitecourt, M. Long a également été évacué vers Hinton.
« Il m’est apparu très clairement que si les gens comprenaient qu’une élection était en cours, ils ne comprenaient pas que, techniquement, je n’étais pas leur député », a déclaré M. Long. « Personnellement, je ne m’annonce pas comme député. Je suis simplement Martin et je veux aider les personnes avec lesquelles j’ai noué des liens, qu’il s’agisse ou non d’une période électorale. Je ne pensais même pas à faire campagne à ce moment-là. »
« Il s’agit de rencontrer les gens là où ils en sont, de faire ce qu’il faut et de s’y prendre de la bonne manière », a-t-il déclaré.
Le récit de Cynthia Matsson
Le décret électoral a été émis le 1er mai ٢٠٢٣, date à laquelle le député Martin Long n’était plus député, mais le bureau de circonscription est resté ouvert pour aider les électeurs en cas de besoin pendant que M. Long et d’autres candidats se sont lancés dans la campagne électorale pendant un mois. Quatre jours plus tard, ces plans allaient changer.
Le 5 mai, la ville d’Edson et d’autres communautés ont reçu l’ordre d’évacuer jusqu’au 8 mai. Une deuxième évacuation a eu lieu du 9 au 15 juin.
« J’ai eu peur », a déclaré Cynthia Matsson, adjointe de circonscription. « J’élevais un petit-enfant et ma priorité était de le sortir de l’école. » Ce matin-là, quelque chose l’avait également poussée à acheter une cage de transport pour son nouveau chaton. Elle s’est ensuite rendu compte de la chance qu’ils avaient d’avoir cette cage, qui leur a permis d’emmener le chaton pendant l’évacuation.
Mme Matsson se souvient : « C’était la chose la plus étrange qui soit, car nous étions au milieu de l’aprèsmidi, mais il faisait nuit noire dehors et le ciel était rougeoyant. Puis, à une heure de route de l’endroit où ils allaient être logés, c’était un après-midi ensoleillé, et il y avait un tel contraste sur une si courte distance. »
« L’inconnu est la partie la plus effrayante », ajoute-t-elle, notant qu’à Edson, ils ont eu la chance que le feu n’ait pas atteint la ville.
Lors de la seconde évacuation, ils se sont rendus à Whitecourt et ont pu installer un bureau temporaire dans un hôtel et se mettre à la disposition des électeurs à la recherche d’informations.
« Nous n’avons pas toujours les réponses, mais nous pouvons aider à fournir les informations dont nous disposons, et même la conversation avec d’autres personnes qui vivent la même chose est utile », atelle déclaré.
En 2024, lorsque des feux ont ravagé le parc national Jasper, à deux heures de route à l’ouest d’Edson, le personnel du bureau de circonscription a fait preuve d’empathie, car il ne comprenait que trop bien ce que vivaient les habitants.
« Vous faites ce qui doit être fait et nous nous aidons mutuellement du mieux que nous pouvons », a déclaré Mme Matsson. « Nous avons eu la chance que de nombreux autres bureaux de circonscription nous appellent et nous proposent leur aide. Les gens se serrent les coudes. »

Le récit de Marsha Jensen
Marsha Jensen, adjointe de circonscription de West Yellowhead, était sceptique lorsque les discussions sur une éventuelle évacuation ont commencé. Son mari travaillait comme capitaine des opérations de soutien en cas d’incident et sa fille travaillait pour la ville d’Edson. Tous deux ont fini par rester sur place pour travailler au Centre de commandement d’urgence (CCU), ouvert 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
Mme Jensen a été chargée de trouver un endroit sécuritaire, pour sa belle-mère, le chien de la famille et elle-même.
« Je pense que j’étais en état de choc. Les gens m’envoyaient des messages et me demandaient ce que j’allais emporter et où j’allais aller. Je me souviens d’être restée assise sur mon canapé à regarder ma maison en pensant : comment décider de ce que je vais emporter et de ce que je vais laisser derrière? »
Elle réalisa alors que c’est elle qui était chargée de l’évacuation de la famille. Après une nuit à Hinton, elle a finalement rejoint la maison de sa sœur à Calgary.
« Je me suis déchaînée, j’ai pleuré et j’ai compris que j’avais laissé ma famille derrière moi, sans même savoir ce qui se passait », a-t-elle déclaré. « À un moment donné, il fallait se rendre à l’évidence. L’ampleur était tellement gigantesque que vous ne pouviez pas la comprendre, et vous étiez tellement impuissant. »
Mme Jensen s’est sentie beaucoup mieux lorsqu’elle a pu retourner à Edson, reprendre son travail et être la personne que les gens appelaient, la personne sur laquelle les gens pouvaient compter pour obtenir des informations.
« Lors de la deuxième évacuation, j’avais mon ordinateur portable, j’ai donc pu répondre aux appels et aux courriels et nous avons pu maintenir les services dans une large mesure », a déclaré Mme Jensen. « Nous sommes connus pour être un bureau accessible, il était donc important pour moi d’être là pour notre communauté et de me sentir utile. »
Pendant les feux de Jasper, Mme Jensen a déclaré qu’elle avait un coup de cœur pour les travailleurs étrangers, qui sont souvent des jeunes qui viennent travailler dans le parc pendant la saison touristique. « Ma peur pour eux m’a poussée à être plus forte. Ils ne savent pas où trouver des ressources et se retrouvent déplacés dans un endroit inconnu, sans amis ni famille, et se sentent très seuls. Je pense à eux. »
Mme Jensen s’est dite très impressionnée par la façon dont les gens veillent les uns sur les autres. À Jasper, les photos n’ont pas été diffusées par respect pour les personnes qui ont été évacuées et qui ne savaient pas si leurs maisons avaient brûlé. Lors des évacuations qu’elle a vécues l’année précédente, elle a été étonnée de voir les habitants de Hinton ouvrir leurs maisons à des étrangers.
Même s’il est réconfortant de voir les communautés se serrer les coudes et les gens prendre soin les uns des autres, Mme Jensen s’inquiète des répercussions sur les populations.
« Parce que la pandémie et les feux se sont recoupés, je ne pense pas que les gens aillent bien », a-t-elle déclaré. « Il semble que nous ayons perdu un lien, une confiance. Les gens avancent dans la vie, mais sont si prompts à juger et à réagir. »
Soutien et rétablissement
Ces brèves perspectives offrent un petit aperçu de l’expérience globale de trois membres de l’Assemblée législative de l’Alberta et de leur personnel de circonscription, qui ont dû faire face à de nombreux défis personnels et professionnels lors de catastrophes naturelles survenues au cours des huit dernières années.
Il y a plus de 100 000 autres récits liés à ces seuls feux de forêt, dont certains sont bouleversants et d’autres édifiants. L’une des vérités qui ressortent de tous les récits est que l’on peut bénéficier d’un soutien considérable lorsque la tragédie survient. Certes, il existe des ressources à l’échelle municipale, provinciale et fédérale, mais le soutien le plus important vient des personnes qui ont vécu cette expérience. Leur expérience commune et leur sens aigu de la communauté les aident à traverser les années de véritable guérison et de rétablissement.
Les députés et le personnel des circonscriptions ont l’habitude de faire ce qu’ils peuvent pour aider leur communauté. Ils sont habitués à faire face à des événements inattendus et à des situations instables, mais, lorsqu’une catastrophe survient et qu’ils doivent gérer leur propre traumatisme en plus de leurs responsabilités professionnelles, il est important qu’ils sachent qu’ils peuvent compter sur un soutien.