La scène canadienne
Femmes parlementaires du Commonwealth


Pendant deux jours complets en juillet, Queen’s Park a fourmillé de femmes en plein travail. Des femmes membres d’assemblées législatives de partout au Canada se sont réunies à Toronto pour la Conférence régionale canadienne annuelle des femmes parlementaires du Commonwealth. Ensemble, nous avons discuté de certains des défis particuliers à relever à titre de parlementaires, des raisons pour lesquelles la parité entre les sexes n’existe toujours pas dans la plupart des parlements, ainsi que des obstacles qui empêchent les femmes de se présenter aux élections et d’y être élues.
Les membres ont fait part de leurs expériences de harcèlement (en ligne et en personne), des difficultés à trouver des services de garde d’enfants qui peuvent tenir compte des heures étranges et imprévisibles de séance des assemblées législatives, de la difficulté de laisser leur famille à la maison lorsqu’elles doivent se rendre dans la capitale, et (encore!) de la maltraitance généralisée aux mains de collègues masculins et féminins dans les assemblées législatives partout au pays.
Mais la conférence nous a également permis de partager ce qui fonctionne pour les femmes : des codes de conduite pour les législatures, des calendriers législatifs et services de garde d’enfants sur place, entre autres. Ce que tout le monde en a retenu, c’est que le changement est possible et qu’il se produit, et nous devons encourager nos assemblées législatives à assumer une partie du lourd travail d’alliance inclusive afin que les femmes se sentent à la place qui leur revient dans les chambres dans lesquelles elles sont élues.
Nous nous sommes aussi beaucoup concentrées sur la façon d’attirer plus de femmes en politique, et nous avons décidé que les FPC consacreraient des ressources à l’élaboration d’un guide visant à faire entrer les jeunes femmes dans les assemblées législatives afin qu’elles puissent vivre l’expérience de députée en place. Des projets de jumelage, dans le cadre desquels de jeunes femmes sont jumelées à des femmes parlementaires, ont connu du succès en Colombie-Britannique, au Québec et à l’Île-du-Prince-Édouard, et de nombreuses autres provinces et territoires sont impatients de mettre en œuvre des programmes semblables. Si elles peuvent voir des mentores travailler aux parlements et mener leur vie à bien malgré tous les défis à relever, ces jeunes femmes seront plus susceptibles de mettre leur nom sur un bulletin de vote.
La partie la plus inspirante de la conférence a peut-être été le témoignage de femmes qui ne sont pas en politique; la discussion a été un rappel clair et poignant de l’importance d’avoir des femmes dans les assemblées législatives en premier lieu. Nous avons entendu le témoignage de Keri Gray, une entrepreneure dont les produits à base de lapin, qu’elle avait d’abord conçus pour nourrir son enfant, ont fini par lui permettre de créer une entreprise d’exploitation agricole et de gâteries pour animaux de compagnie qui embauche de jeunes Autochtones de la réserve de Keri. Nous avons également entendu le témoignage de Margaret Evans, productrice à Balancing Act, qui met l’accent sur la budgétisation axée sur la compassion, et celui de Manavi Handa, sage-femme en exercice et professeure en services de sages-femmes, qui milite en faveur d’une couverture des soins de santé pour les nouvelles arrivantes enceintes qui, bien souvent, ne demandent pas les soins dont elles auraient besoin en raison de leurs coûts.
Ces enjeux sont importants pour tous, mais ils sont souvent soulevés dans les parlements par des femmes élues qui les mettent au premier plan. Lorsque nous aurons plus de femmes parlementaires, nous pourrons, collectivement, nous assurer que les enjeux qui touchent 51 % de la population du Canada sont abordés sans détour.
À titre de présidente des FPC, je me réjouis à la perspective de poursuivre le travail du comité directeur des FPC et de nos sections partout au Canada tout au long de l’année. Nous vérifierons les progrès réalisés dans la mise en candidature et l’élection de femmes lors de notre prochaine rencontre à Québec en 2025.
Susan Leblanc
Présidente, division canadienne des FPC
60e Conférence régionale canadienne de l’APC

L’Assemblée législative de l’Ontario a accueilli environ 80 délégués et accompagnateurs supplémentaires à Toronto pour la 60e Conférence régionale canadienne de l’Association des parlementaires du Commonwealth du 22 au 26 juillet 2024.
Les participants à la conférence ont vivement félicité les organisateurs et les hôtes, le président Ted Arnott et le greffier Trevor Day, pour avoir créé un programme intéressant et une semaine très agréable dans la capitale de l’Ontario.
À la suite d’une prière d’ouverture et d’une chanson interprétées par Marie Gaudet de la Première Nation de Wikwemikong sur l’île Manitoulin, le Président Arnott a présenté la lieutenante-gouverneure Edith Dumont pour lancer le mot d’ouverture.
Au cours de huit séances d’affaires, les délégués ont discuté de diverses questions liées à l’équité des genres parmi les parlementaires, à la gouvernance et à la culture du milieu de travail, ainsi qu’au rôle des médias et de l’intelligence artificielle (IA) dans notre société et nos parlements.
Lors de la première séance de la conférence le 22 juillet, la députée ontarienne Lucille Collard a introduit la Présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy, pour discuter de différentes idées visant à faire entrer davantage de femmes dans les parlements. Le conférencier Roy a souligné que le Québec avait atteint efficacement la parité au sein de son Assemblée en accordant la priorité aux infrastructures et aux politiques favorables aux familles, telles qu’une garderie, des tables à langer dans les toilettes et des horaires de travail modifiés qui éliminent les obstacles auxquels font face les parents de jeunes enfants. Lors de discussions ultérieures, les délégués ont noté et débattu de politiques telles que les quotas, la reconnaissance des membres sans distinction du genre et les écoles de campagne pour les femmes.
Avant la deuxième séance, le secrétaire général de l’APC, Stephen Twigg, a partagé un message du siège de l’APC. M. Twigg a noté que les plans à long terme visant à ce que le Parlement du Royaume-Uni adopte une législation accordant à l’APC un statut spécial similaire à celui d’autres organisations internationales étaient sur le point d’être réalisés. La législation visant à accorder ce statut a été mentionnée dans le programme législatif du gouvernement lors du discours du Roi et ferait donc partie d’un projet de loi émanant du gouvernement.
Lors de la deuxième séance, la députée Alexandra Mendès a accueilli Avni Kondhia, responsable des programmes pour les parlementaires du Commonwealth ayant des handicaps et coordonnatrice de l’engagement des jeunes au siège de l’APC, ainsi que Shannon Dean, greffière de l’Alberta. Mme Kondhia a parlé des critères de référence recommandés par l’APC pour les législatures démocratiques. Initialement développés en 2006, 132 indicateurs aident à mesurer si une Assemblée exerce ses activités de manière juste et efficace. Les critères de référence sont organisés en catégories liées aux élections, aux privilèges et immunités, et aux procédures, entre autres.
Mme Dean, qui faisait partie des observateurs aux Îles Caïmans lors de l’auto-évaluation soutenue de cette juridiction, a décrit comment elle et d’autres représentants de l’APC ont mené des recherches pour une évaluation qui a abouti à 17 recommandations pour aider à atteindre certains critères de référence. Les délégués à la Réunion régionale canadienne ont ensuite été invités à remplir un questionnaire afin de déterminer les critères de référence que leurs provinces ou territoires de résidence ont atteints ou doivent encore atteindre.
La députée de la Nouvelle-Écosse, Danielle Barkhouse, a présidé la troisième séance qui a porté sur la visite de la masse de Terre-Neuve-et-Labrador en 2024, avec la participation du Président Derek Bennett et de la greffière Kim Hawley George. Un article basé sur leur présentation est publié dans ce numéro.
Le matin du 24 juillet, le président Randy Weekes a présenté l’ancienne députée Janet Ecker pour discuter de l’IA à l’Assemblée législative lors de la quatrième séance de la conférence. Mme Ecker a relevé les aspects positifs et négatifs des changements apportés par l’IA au travail législatif au cours des dernières années. Elle a suggéré que la possibilité d’exploiter le rôle de pionnier du Canada dans le développement de cette technologie pour en faire une industrie majeure se referme et que la concurrence des autres pays est intense.
Lors d’une cinquième séance, le président des Territoires du Nord-Ouest, Shane Thompson, a invité le Président de la Colombie-Britannique, Raj Chohan, et la greffière de la Colombie-Britannique, Kate Ryan-Lloyd, à discuter des changements qu’ils ont apportés à leur Assemblée pour favoriser une culture de travail saine et inclusive. Les présentateurs ont décrit de nombreuses mesures, allant de l’application des recommandations en vue d’une réconciliation avec les peuples autochtones, à la modification du Règlement pour permettre aux députés de participer en permanence aux délibérations par vidéoconférence dans des circonstances spécifiques, en passant par l’offre d’une orientation et d’un encadrement continus aux nouveaux députés, afin de répondre aux besoins divers des parlementaires et du personnel.
La dernière séance de la journée était présidée par le sénateur Andrew Cardozo et portait sur une discussion en groupe sur la façon dont la crise des médias affecte notre démocratie. Karim Bardessy, directeur du Dais à l’Université métropolitaine de Toronto, Andrea Mariko Grant, directrice de recherche au Centre Samara pour la démocratie, et Anita Li, fondatrice et rédactrice en chef de la Green Line, ont tous noté que le paysage médiatique a considérablement changé au cours des dernières décennies. Contrairement à l’époque où nous lisions tous la couverture des journaux quotidiens ou écoutions/regardions des bulletins de nouvelles du soir produits de manière similaire, en tant que société, nous ne tirons plus nos nouvelles et nos informations des mêmes sources majeures partagées. Un public fragmenté, le développement de la désinformation et de la mésinformation sur Internet, et le déclin des médias locaux ne laissent présager rien de bon pour la santé démocratique et la capacité du public à surveiller nos gouvernements et à les tenir responsables. Cependant, la croissance des nouveaux médias pourrait combler ce vide.
Le 26 juillet, lors de la septième séance, la députée de la Colombie-Britannique, Jackie Tegart, a accueilli Kate Graham, professeure adjointe au Huron University College, pour discuter de son projet de podcast. « No Second Chances » a interviewé toutes les femmes qui ont occupé le poste de premier ministre au Canada (et/ou leurs familles) sur le rôle que leur genre a joué dans la façon dont elles ont été accueillies et traitées par les électorats. Bien que certains de ces leaders étaient populaires pendant un certain temps, aucune femme première ministre n’a jamais été réélue et beaucoup d’entre elles ont été victimes d’attaques sexistes et de luttes concernant leur « appréciabilité » perçue par les électorats.
La dernière séance de la conférence, présidée par le Président de l’Alberta, Nathan Cooper, a permis à chaque Président, greffier ou autre délégué désigné des différentes provinces du Canada de faire rapport sur les mises à jour au sein de leurs parlements au cours de l’année écoulée.
Alors que les organisateurs distribuaient des cartes de « Réservez la date » pour la conférence de l’année prochaine qui se tiendra à Québec du 19 au 26 juillet 2025, les participants ont exprimé leur gratitude envers l’Ontario pour l’organisation d’un événement très réussi cette année.
Will Stos
Directeur, Revue parlementaire canadienne