Un réseau canadien créé pour promouvoir des normes élevées de confiance et de leadership politique
Un partenariat unique entre cinq universités, financé en partie par le philanthrope montréalais Stephen Jarislowsky, a permis de créer ce que l’on considère être le premier réseau du genre au Canada à promouvoir l’éthique et des normes élevées en matière d’éthique, de confiance et de leadership politique. Dans cet article, les auteurs décrivent les objectifs du programme et présentent les événements et activités passés et prévus. Les auteurs terminent en invitant les parlementaires, le personnel politique et les employés parlementaires non partisans à partager leurs idées avec les titulaires de chaire du programme et à leur adresser des demandes.
Alex Marland, Cristine de Clercy, Susan Dieleman et Michael MacKenzie
Comment pouvons-nous favoriser un meilleur leadership politique au Canada? Comment pouvons-nous accroître la confiance que les Canadiens accordent aux dirigeants et à notre système démocratique? Où les aspirants dirigeants politiques peuvent-ils se former pour se préparer à jouer un rôle aussi important? Cinq universités canadiennes essaient de répondre à ces questions.
Le philanthrope montréalais Stephen A. Jarislowsky s’est associé à cinq universités canadiennes pour financer des titulaires de chaire Jarislowsky sur la confiance et le leadership politique. Les titulaires de chaire sont chargés d’élaborer des programmes de formation pour la prochaine génération de dirigeants politiques et d’encourager la recherche sur le leadership démocratique et la confiance. Ce réseau novateur rassemble des universitaires provenant de petites et moyennes universités dans chaque région du Canada afin de les mettre en contact avec des étudiants, des apprenants permanents, des politiciens, des activistes communautaires et un public attentif en dehors des grands centres politiques. Le don de 10 millions de dollars de la Fondation Jarislowsky, égalé par les universités partenaires, a permis de financer la création de chaires à l’Université Acadia à Wolfville, en Nouvelle-Écosse; à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) au Québec en collaboration avec l’École Nationale d’Administration Publique (ÉNAP); à l’Université Trent à Peterborough, en Ontario; à l’Université de Lethbridge à Lethbridge, en Alberta; et à l’Université Vancouver Island, à Nanaimo, en Colombie-Britannique. Comme l’a déclaré celui qui a donné son nom au programme : « Il existe des écoles pour former des médecins, des ingénieurs et des avocats. Pourquoi n’y a-t-il pas de formation personnalisée pour les aspirants politiciens ? »
Le réseau Jarislowsky est configuré de manière unique. En règle générale, les chaires dotées fonctionnent de manière autonome, mais la conception du réseau représente un effort délibéré et coordonné visant à promouvoir l’éthique et les responsabilités fiduciaires chez les titulaires de charges publiques dans tout le pays. Bien qu’il faille relever de nombreux défis institutionnels, tels que la négociation d’accords permettant aux étudiants de suivre des cours dans chaque université sans heurts, les administrateurs principaux de chaque établissement, des présidents aux doyens, s’impliquent activement dans le soutien des objectifs du réseau.
Depuis leur nomination au milieu de 2023, les quatre titulaires de chaire des universités anglophones – Alex Marland (Acadia), Cristine de Clercy (Trent), Susan Dieleman (Lethbridge) et Michael MacKenzie (Vancouver Island) – ont créé de nouveaux cours, planifié des événements locaux et étudié les subtilités de la programmation nationale. Un cinquième chercheur, Stéphane Paquin (UQTR/ÉNAP), a rejoint le réseau en janvier.
Les titulaires de chaire en sont aux premières étapes de l’élaboration d’un certificat signature en leadership démocratique qui sera accessible aux étudiants de chaque établissement et au-delà. Il offrira aux participants une formation théorique rigoureuse sur la théorie démocratique et les pratiques de leadership, ainsi qu’une expérience pratique de travail avec des représentants élus, des fonctionnaires et des activistes communautaires qui jouent un rôle de premier plan dans la vie publique. Le certificat comprendra des cours qui s’appuient sur l’expertise de chaque titulaire de chaire, ainsi que des cours issus de diverses disciplines de chaque établissement. Un cours obligatoire d’introduction à la confiance et au leadership est envisagé, ainsi que des cours sur les types de leadership, la gouvernance éthique et les campagnes électorales. Les étudiants devront suivre un cours d’apprentissage expérientiel final qui leur permettra de s’engager dans la communauté au sens large.
À l’Université Acadia, des étudiants ont récemment visité les bureaux de circonscription du député Kody Blois (Kings-Hants) et du membre de l’Assemblée législative Keith Irving (Kings South). De nouveaux cours sont élaborés sur le leadership au Canada atlantique, les dirigeants et les cabinets au Canada, la manière de se faire élire au Canada et la gestion politique.
À l’Université Trent, les étudiants pourront suivre certains cours en vue d’une Option en Leadership à partir de septembre ٢٠٢٣. Un nouveau cours intitulé « Leadership and Democracy Lab » leur offrira la possibilité d’acquérir et de mettre en pratique des compétences essentielles en matière de leadership politique au sein d’un petit groupe.
À l’Université de Lethbridge, des ressources pédagogiques sont en cours d’élaboration pour aider les étudiants, les citoyens et les intervenants à comprendre le rôle que jouent la confiance et la méfiance dans les sociétés démocratiques. Il s’agit notamment de comprendre le déclin de la confiance dans les institutions et parmi les citoyens, ainsi que la montée de l’extrémisme.
À l’Université Vancouver Island, un cours sur la confiance et le leadership politiques sera proposé au printemps ٢٠٢٤. Ce cours explorera les rôles de la confiance et de la méfiance dans la vie démocratique. Les étudiants examineront les dimensions théoriques du leadership, en se concentrant sur ce qui rend les dirigeants et les approches de leadership démocratiques ou non démocratiques. D’autres cours sont élaborés à l’Université Vancouver Island, notamment un cours sur la gouvernance et le leadership « Tournés vers l’avenir », ainsi qu’un cours sur la pensée antidémocratique, qui explorera les arguments en faveur de réponses non démocratiques à des défis urgents tels que le changement climatique ou les déficits budgétaires. Les cours fourniront aux futurs dirigeants du Canada les arguments dont ils auront besoin pour défendre la démocratie contre ses détracteurs.
Les titulaires de chaire planifient une série d’événements pour 2024 qui impliqueront des spécialistes, des politiciens, des jeunes et des membres de la communauté.
En Nouvelle-Écosse, un atelier sur le leadership destiné aux politiciens actuels se tiendra à Wolfville l’été prochain. Au Québec, un panel sur le leadership et les médias est prévu pour le congrès annuel de l’Association canadienne de science politique, qui se tiendra à Montréal en juin. En Ontario, l’année prochaine, un forum sur le leadership et l’apprentissage se tiendra à Peterborough et réunira des personnes intéressées par l’étude, la recherche et l’enseignement du leadership. Le forum sera organisé en partenariat avec des professeurs d’écoles de commerce, d’anciens politiciens et des dirigeants communautaires locaux. L’accent sera mis sur la manière de recruter et de former les dirigeants démocratiques de demain dans un contexte de comportement éthique et de confiance. L’objectif est de rassembler des dirigeants jeunes, nouveaux et expérimentés pour échanger des idées et renforcer les capacités de leadership.
En Alberta, un atelier sur l’extrémisme sera organisé à Lethbridge en 2024 et mettra l’accent sur la manière dont la confiance et la méfiance peuvent motiver des positions extrémistes. La chaire participera à l’Ethics Bowl Canada, en apportant son soutien aux équipes des écoles secondaires du sud de l’Alberta, afin d’offrir aux futurs dirigeants la possibilité d’acquérir et de mettre en pratique des compétences en matière d’éthique, de communication et de pensée critique. En Colombie-Britannique, le congrès de la BC Political Science Association aura lieu les 4 et 5 mai 2024, sur le thème de la confiance et du leadership avec deux titulaires de chaire Jarislowsky sur la confiance et le leadership politique comme conférenciers d’honneur.
La diversité et le fait d’atteindre des personnes qui ne suivraient pas normalement des cours universitaires sont des considérations importantes. Les soutiens financiers apportés par la RBC Fondation, la Banque Scotia et d’autres donateurs privés permettront d’améliorer l’accès et les perspectives pour les étudiants marginalisés. Les titulaires de chaire prévoient également de développer des vidéos d’apprentissage qui seront disponibles gratuitement sur les plates-formes de médias sociaux. Ces vidéos accrocheuses seront accessibles à toute personne souhaitant devenir un dirigeant politique ou désireuse d’exiger des dirigeants qu’ils respectent des normes éthiques élevées.
Enfin, sur le plan de la recherche, une série d’ouvrages sur le leadership démocratique au Canada est en cours d’organisation et sera soutenue par une série de conférences publiques. Quatre des titulaires de chaire contribuent à une collection de nouvelles recherches sur « l’éthique, la démocratie et le leadership politique », à paraître dans la revue Politics and Governance. Ils sollicitent également une bourse de recherche internationale pour étudier la confiance et le leadership dans les démocraties avancées, y compris le Canada.
Le réseau est soutenu par un conseil consultatif national composé de Gordon Campbell, ancien premier ministre de la Colombie-Britannique et haut-commissaire au Royaume-Uni; Pierre Marc Johnson, ancien premier ministre du Québec; David Johnston, ancien gouverneur général; Frank McKenna, ancien premier ministre du Nouveau-Brunswick; Beverley McLachlin, ancienne juge en chef du Canada; Anne McLellan, ancienne vice-première ministre du Canada; et Murray Sinclair, ancien juge et sénateur. En outre, chaque université dispose de son propre comité consultatif composé d’experts externes.
Les titulaires de chaire sont ouverts aux idées et aux possibilités de collaboration ou de partage des connaissances. Nous serions ravis que les parlementaires, le personnel politique et les employés des assemblées législatives canadiennes nous fassent part de leurs suggestions et de leurs demandes de partage des connaissances sur la confiance démocratique et le leadership politique.